L'Autorité de la Concurrence passe des mots aux actes. Après avoir rendu au mois de juin son rapport sur les grands acteurs du cloud, le gendarme de l'antitrust français a mené mardi une opération de visite et de saisie inopinée chez le fabricant de cartes graphiques, Nvidia. D'après nos informations, l'opération a été autorisée par le juge des libertés et de la détention (JLD) et visait à collecter des preuves de le cadre de soupçons de "pratiques anticoncurrentielles".
Suite à cette visite, une instruction a été ouverte par l'ADLC sur le géant américain, dont les cartes graphiques ou GPU (pour Graphic Processing Units) équipent la plupart des ordinateurs et des centres de données dans le monde. Contactée, l'entreprise qui emploie une centaine de salariés en France dans ses bureaux à Courbevoie (Île-de-France) et Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), n'a pas souhaité faire de commentaires.
Enquête en cours
L'Autorité rappelle que cette visite ne préjuge en rien de la responsabilité de Nvidia. Les rapporteurs chargés de l'instruction vont, d'abord, analyser des pièces saisies lors de cette visite. Une pratique courante pour l'antitrust français qui mène régulièrement des opérations de visite et de saisie en cas de soupçons. La dernière avait eu lieu en mai chez la SNCF.
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Dans son rapport sur le cloud, l'Autorité avait pointé les dangers des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur. "L'Autorité a identifié quatre risques concurrentiels", avait détaillé en juin son président, l'économiste Benoît Coeuré : la difficulté de migrer d'un service de cloud à un autre, les frais de sortie imposés par les hyperscalers (AWS, Azure, Google), les crédits-cloud accordés aux start-ups et les barrières à l'entrée imposées sur le marché aux petits acteurs du cloud.
"Ces hyperscalers sont par leur force de frappe financière en mesure de pouvoir entraver le développement de la concurrence", résumait l'ADLC. Toutefois, aucune mention n'était faite des fabricants de serveurs, comme Nvidia, dans la chaîne de valeurs. Un rôle qui sera approfondi au cours de l'instruction ouverte par les services de l'Autorité, qui avait mobilisé huit rapporteurs et mené une trentaine d'auditions pour rendre son rapport.