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"Nous devons baisser les dépenses publiques": Macron prépare une rentrée sous le signe des économies

Dans une interview au Point, Emmanuel Macron esquisse la séquence du Budget 2024 qui démarre en cette rentrée. Et maintient sa volonté d'assainir les finances publiques après des années exceptionnelles marquées par la crise Covid et la guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron fait sa rentrée. Quelques heures après le premier conseil des ministres et la prise de parole d'Élisabeth Borne, qui a notamment assuré qu'aucune hausse d'impôt n'est prévue pour les ménages, le président de la République a accordé une longue interview à l'hebdomadaire Le Point. L'occasion pour lui d'esquisser les défis qui l'attendent pour la suite de son second quinquennat.

Des défis économiques notamment avec, d'entrée de jeu, la finalisation du Budget 2024. Un budget placé sous le signe des économies à tous les étages. Le président a fait de "l'assainissement" des finances publiques le cap de la politique économique des prochains mois. Pour autant, il ne renie pas son action des dernières années, marquées notamment par les dépenses extraordinaires liées au Covid.

"Je défends la politique qu’on a menée, avec des dispositifs par ailleurs inédits du fait des défis sanitaires ou économiques successifs que nous avons dû relever, rappelle-t-il au Point. Nous avons permis à des entreprises industrielles, des commerçants et des artisans de tenir. Fallait-il les laisser faire faillite pour ensuite leur payer le chômage?"

Emmanuel Macron vante ainsi une politique équilibrée entre baisses d'impôts et maîtrise des dépenses publiques. "Entre 2017 et 2020, on n’a jamais baissé à ce point les dépenses courantes tout en baissant les impôts", assure-t-il.

Reste que, même si la guerre en Ukraine a de nouveau engendré une instabilité économique, cette époque exceptionnelle est désormais révolue pour le chef de l'État. La dette publique de la France a explosé, atteignant désormais 111% du PIB (contre 98% lors de son arrivée au pouvoir en 2017, selon Eurostat). Un dérapage chiffré à 700 milliards d'euros que n'a pas connu l'Allemagne.

"Nous repasserons sous les 3% de déficit en 2027"

"C’est une réalité que nous avons un haut niveau de dépenses publiques", admet le président de la République.

"Nous devons continuer à le baisser en commençant par réduire les dispositifs exceptionnels mis en place pour faire face à la crise des prix de l’énergie qui n’ont pas vocation à être durables."

Avant l'été, le gouvernement avait déjà avancé l'une des principales pistes d'économies prévue pour 2024: les dépenses de l'État. Chaque ministère, chaque administration (ou presque) doit mettre la main à la pâte.

"L’année prochaine comme en 2018, les dépenses de l’État vont baisser de plus de 3% en volume, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation. Nous commencerons à diminuer le poids de la dette en 2026 et repasserons sous les 3% de déficit en 2027."

"Quand je regarde la structure de nos dépenses publiques, au-delà des dispositifs de soutien exceptionnels face aux crises, où sont les coûts? De nos dépenses sociales, essentiellement", ajoute Emmanuel Macron, qui en profite, en ce sens, pour défendre sa réforme des retraites, "juste et efficace", en attendant la retraite par points qu'il estime être "le sens de l'histoire".

Macron balaye le débat sur le nombre de fonctionnaires

Toujours sur le sujet des dépenses de l'État, interrogé sur le nombre de fonctionnaires, Emmanuel Macron balaye ce débat récurrent d'un revers de main.

"Les gros bataillons des fonctionnaires, en dehors des collectivités locales, ce sont les militaires, les enseignants, les soignants à l’hôpital, les magistrats, les membres de l’administration pénitentiaire, les policiers, ce ne sont pas ceux de l’administration centrale!"

Selon lui, il n'y a ni trop ni pas assez de fonctionnaires. "Je vois bien qu’on a besoin d’efficacité des services publics, partout. Mais avons-nous eu une explosion de nos fonctionnaires? Non!", estime Emmanuel Macron.

"En revanche, nous devons aller plus loin sur la réforme de l’Etat et de la fonction publique pour apporter un meilleur service aux Français."

À ce titre, le Président avance un début de réflexion: "nous devons poser la question de l’organisation territoriale qui est confuse et coûteuse, dilue les responsabilités. On voit bien qu’entre les communes, intercommunalités, départements et régions on a trop de strates et un problème de clarté des compétences. Ces sujets aussi doivent pouvoir être mis sur la table à la rentrée".

Clément Lesaffre