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Inflation: le directeur général de l'Insee estime qu'on peut s'attendre "à une hausse de la pauvreté"

Dans Le Parisien, Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee, souligne que le taux de privation est au plus haut niveau depuis la création de cet indicateur en 2013.

De l'arbitrage à la privation. On le sait, la flambée des prix, notamment alimentaires, a poussé nombre de Français (presque la moitié) à changer leurs habitudes de consommation et à faire des choix. Mais pour une frange de la population, l'inflation pousse tout simplement à la privation.

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Dans un entretien au Parisien, Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee, le confirme. "Nous faisons chaque année une enquête pour évaluer le nombre de personnes en situation de "privation matérielle ou sociale", c'est à dire qui ne peuvent pas couvrir les dépenses à au moins cinq éléments de la vie courante parmi treize. Début 2022, leur proportion était de 14% en France (soit 9 millions de personnes, NDLR), c'est le plus haut niveau depuis la création de cet indicateur en 2013", explique-t-il.

Juste avant la crise sanitaire, ce taux était de 13,4%, il était de 11,3% en 2021.

Précisément, "9,4% des personnes interrogées déclarent qu'elles ne peuvent pas, pour des raisons financières, manger de la viande ou du poisson tous les jours (contre 6,3% en 2021, NDLR), 10% ne peuvent pas s'acheter de vêtements neufs. Et une sur dix n'a pas les moyens de se chauffer correctement".

Un Français sur 10 se prive de viande

Selon cette l'étude de l'Insee, ce sont les personnes vivant en zones rurales qui sont les plus touchées par ces privations car elles subissent de plein fouet la hausse des coûts de l'énergie (elles sont plus nombreuses à se chauffer au fioul) et des carburants.

Début 2022, 11,2% de la population des communes rurales étaient en situation de privation matérielle, contre environ 9% en 2020. A contrario, cette part baisse dans les grands centres urbains: 15,6% en 2022 contre 17% en 2020.

Les familles monoparentales sont également les plus exposées, selon l'Insee: 3 personnes sur 10 vivant dans ce type de foyer sont en situation de privation matérielle, contre 26% un an plus tôt alors que la tendance était à la baisse entre 2014 et 2021.

Point encore plus inquiétant, la moitié de ces personnes se déclarant en situation de privation "est au-dessus du seuil de pauvreté. Le ressenti ne coïncide donc pas forcément avec le niveau de revenus", souligne Jean-Luc Tavernier.

Pour le responsable, cette situation va à court terme faire augmenter ce taux de pauvreté qui correspond à un revenu inférieur de 60% du revenu médian par mois et qui concernait en 2022 plus de 14% de la population.

"Il faudra du temps avant d'avoir une estimation fiable pour 2023 mais on peut s'attendre à une hausse de la pauvreté et de la précarité".
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business