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Les ventes de champagne s'effondrent de 20%, les Français le trouvent trop cher

Avec un prix moyen de 30 euros par litre dans les grandes surfaces, le champagne est de plus en plus souvent délaissé au profit d'autres vins pétillants 4 à 5 fois moins chers.

À Noël on trinquera au crémant d'Alsace, au prosecco, à la blanquette de Limoux ou à la clairette de Die... Mais il y aura probablement beaucoup moins de champagne dans les coupes des repas de fête.

Après plus d'un an de forte hausse des prix alimentaires, les Français ont fait des arbitrages en privilégiant les produits premiers prix, ceux à marque de distributeurs au détriment des grandes marques ou des produits plus coûteux comme le bio.

Les alcools au rang desquels le champagne n'a pas été épargné. Selon les données recueillies par BFM Business auprès de la société NielsenIQ, les ventes en volume de la star des vins pétillants ont dégringolé cette année. Entre le 1er janvier et le 3 décembre, la chute est de 20,7% dans l'ensemble des circuits de la grande distribution française. Les ventes de champagne dans les grandes surfaces ne représentent que 27% des ventes totales en France mais elles donnent une indication de tendance pour l'ensemble du marché.

Pourquoi les ventes de champagne plongent-elles cette année?
Pourquoi les ventes de champagne plongent-elles cette année?
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À l’inverse, les autres vins pétillants comme le crémant ou le prosecco ont signé une bonne année avec des achats en hausse de près de 3% en 2023. Il y a donc bien eu un transfert de la part des buveurs de champagne vers une offre de pétillant moins cher.

Car les écarts de prix se sont creusés cette année. Selon Circana, le prix moyen d'un litre de champagne vendue en 2023 en grande distribution s'est établi à 30 euros. Contre 6,46 euros en moyenne le litre pour un vin mousseux d'une autre région viticole. Pour le prix moyen d'une bouteille de champagne, un consommateur peut s'offrir entre quatre et cinq flacons d'un autre vin pétillant. En période de restriction, le calcul est vite fait.

Ces dernières semaines, les prix du champagne ont même crevé le plafond avec un tarif moyen à 32,10 euros le litre en grande surface, soit une augmentation de 19% en un an. Le prix moyen d'une bouteille sur ce mois de novembre 2023 était lui en hausse de 16,7% selon Circana à 23,70 euros, soit 3,40 euros de plus en un an.

Un désamour pour le champagne qui dure

Les producteurs qui étaient "prudemment optimistes" en début d'année ont depuis revu leurs prévisions à la baisse. Au début de l'été, le groupe français interprofessionnel Comité champagne s'attendait à un recul des expéditions de bouteilles de l'ordre de 6% dans l'Hexagone pour 2023, soit aux alentours de 130 millions d'unités (contre 138,4 millions en 2022). Mais si la tendance observée sur les 11 premiers mois se confirme dans les prochaines semaines, les ventes pourraient tomber à 110 millions sur l'ensemble de l'année, soit leur niveau le plus bas depuis des années.

Hormis une année 2021 marquée par l'après-Covid et qui avait vu les ventes de champagne bondir de 25%, la star des vins pétillants semble avoir de moins en moins la cote en France. Avant même le Covid, les ventes étaient en baisse depuis quatre ans. Entre 2011 et 2022 par exemple, le nombre de bouteilles de champagne vendues dans les grandes surfaces a littéralement fondu passant de 47 à 37 millions.

Convertis au prosecco italien à la faveur du succès du spritz, les Français se laissent désormais tenter par des vins mousseux autres que le champagne.

"Le champagne est à la peine car il est trop cher pour de nombreux Français, observe Dominique Schelcher, le PDG de Système U. Les effervescents autres ont le vent en poupe comme le crémant d'Alsace."

Selon le distributeur, les enseignes vont devoir multiplier les promotions sur la fin de l'année, "particulièrement pour le nouvel an".

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Si le prix plus élevé du champagne s'explique par une méthode de vinification complexe, des vendanges manuelles, des cépages de qualité et un vieillissement en fût de chêne plus long en moyenne que pour les autres mousseux, le rapport qualité/prix semble de moins en moins bien perçu par les consommateurs.

Si jusqu'à présent les baisses de volumes achetés étaient compensées par les hausses de prix, ce ne sera peut-être pas le cas cette année. Sur les 11 premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires du champagne en grande distribution est en baisse de 11,4% selon NielsenIQ. Celui des autres vins pétillants progresse lui de 9,6%.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco