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Finances publiques

Redressement des finances publiques: Moscovici estime que "la question fiscale n'est pas taboue"

Dans une interview aux Échos, le président de la Cour des comptes affirme que le débat sur la hausse des impôts doit être ouvert, à condition de "jouer de la fiscalité comme d'un instrument de redistribution".

La Cour des comptes sonne l'alerte. Dans son rapport annuel publié ce mardi, les Sages jugent la situation des finances publiques "préoccupante", voire "sérieuse", tout en qualifiant la trajectoire du gouvernement pour réduire le déficit "peu ambitieuse et fragile".

Dans ce contexte, Pierre Moscovici assure dans une interview aux Échos que le "débat" sur la fiscalité "mérite au moins d'être posé", alors que le gouvernement se refuse à toute hausse d'impôts.

"La question fiscale n'est pas taboue", indique le président de la Cour, tout en reconnaissant que "ce n'est pas une solution miracle".
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"J'ai parlé, il y a longtemps, du 'ras-le-bol fiscal'. Je n'ai pas changé de diagnostic. Pour préserver le consentement à l'impôt, il est difficile de monter le niveau de nos prélèvements obligatoires, déjà très élevé", explique Pierre Moscovici. Mais "cela n'empêche pas de jouer de la fiscalité comme d'un instrument de redistribution. Ou de lancer des prélèvements exceptionnels, temporaires - qui ne sont pas un 'ISF vert' - comme pouvait l'envisager le rapport Pisani-Mahfouz".

Pierre Moscovici rappelle que "la Cour n'a pas à s'exprimer sur l'opportunité d'un tel choix" mais juge "à titre personnel" que la question doit être posée. "Le 'circulez, il n'y a rien à voir' sur la fiscalité me paraît trop rapide", ajoute-t-il.

"Nous sommes au pied du mur"

Devant la presse ce mardi, le président de la Cour des comptes a affirmé que "le respect de l'objectif de déficit" public à 4,4% du PIB en 2024 n'était "pas acquis", même avec les récentes coupes de 10 milliards d'euros dans le budget de l'État. "Il y a des efforts considérables à faire", a-t-il affirmé, estimant que le prochain projet de loi de finances (PLF) sera "le plus difficile à réaliser depuis la crise financière", nécessitant "courage et volonté politique".

Pour la Cour des comptes, le gouvernement doit trouver au bas mot 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2027. Or celles-ci ne sont "à ce stade pas documentées, ni étayées". S'il assure que les annulations de crédits à hauteur de 10 milliards d'euros annoncées par le gouvernement étaient "impératives", Pierre Moscovoci prévient ainsi qu'elles ne seront pas "suffisantes pour maintenir la trajectoire du déficit".

"Nous sommes au pied du mur. Nous ne pouvons plus différer cet effort, nous l'avons trop fait. Il ne s'agit pas de l'austérité, parce qu'on peut et on doit le faire intelligemment, sans couper la croissance et sans abîmer la cohésion sociale", a-t-il également déclaré sur France Culture.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco