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La crise économique post-covid sera-t-elle moins pire que prévue?

Dans les rayons d'un supermarché toulousain, le 28 novembre 2013.

Dans les rayons d'un supermarché toulousain, le 28 novembre 2013. - Rémy Gabalda - AFP

Des indicateurs macro-économiques montrent quelques lueurs d'espoirs sur la situation économique. Des résultats encourageants mais en trompe-l'oeil.

Quelle sera l’ampleur de la crise économique? Après les perturbations de la crise sanitaire qui ont mis l’économie française à genoux, on observe quelques signaux positifs depuis quelques jours. La Banque de France a ainsi constaté que le confinement avait été un peu moins néfaste que prévu. La contraction du PIB n'a ainsi été "que" de 14% au deuxième trimestre contre 15% anticipé et même 17% selon les estimations initiales de l'Insee.

Des chiffres moins mauvais qu'annoncés grâce au déconfinement qui a été meilleur que prévu. Les usines sont vite reparties en mai et juin et les salariés sont retournés au bureau. L’économie tourne "seulement" à 93% de ses capacités, mais ce taux était 91% au mois de mai et de 68% en mars en plein coeur du confinement.

Mais surtout, l'institution estime que le rebond au troisième trimestre sera spectaculaire. L'activité devrait progresser de 14% entre juillet et septembre par rapport au trimestre précédent. Un sursaut impressionnant, mais assez logique. La progression du PIB est calculée par rapport au trimestre précédent. Or après un effondrement au deuxième trimestre, le troisième marque un retour à la normale, d'où ce taux de croissance exceptionnel.

Les ménages ont épargné 75 milliards d'euros

D'autres indicateurs ont montré ces dernières semaines quelques lueurs d'espoir. A commencer par la consommation. Cette dernière a progressé de 36% en mai par rapport à avril avec le déconfinement selon l'Insee. Avec la réouverture des magasins le 11 mai, il y a un appétit de consommation qui s’est traduit par une frénésie d’achats dans les deux semaines qui ont suivi. Principalement pour les biens d'équipement de la maison (électroménager, bricolage, décoration...) et l'alimentaire. Les dépenses alimentaires étaient ainsi en mai supérieures de 4,1% de ce qu'elles étaient en février avant le confinement.

Des Français qui consomment, mais certains épargnent toujours autant. Selon un rapport de l'OFCE, les ménages français avaient épargné 55 milliards d'euros durant le confinement. Depuis cette somme est montée à 75 milliards, soit 2500 euros en moyenne par ménage.

"La grande différence par rapport à la crise de 2008, c'est que les ménages ont accumulé pendant le confinement beaucoup d'épargne, avec une diminution plus forte de leur consommation que de leurs revenus", explique Xavier Timbeau , le directeur de l'OFCE.

Une capacité de financement qui se traduit par un regain des achats immobiliers. Après un effondrement en mars et avril, les ventes sont reparties en trombe en mai. Les professionnels constatent un retour des clients en agence et la fréquentation du site SeLoger a bondi de 60% en juin par rapport au mois précédent.

"Sur le plan économique, la tendance est à une forte reprise et l’envie des Français d’être actifs dans leurs projets immobiliers a permis que s’amorce un rebond d'abord technique. Après avoir bloqué le marché, rouvrir les vannes a entraîné une reprise des projets qui avaient été mis sur pause", observe Bertrand Gstalder, le président du groupe SeLoger.

La crise économique ne se fait pas encore sentir

D'ailleurs les prix ont continué à grimper. Le prix du m² a progressé de 7,4% en juin à Paris sur un an à 10.670 euros. Au niveau national, la hausse est de 3,1% sur les appartements et de 2,3% sur les maisons.

Beaucoup d'éléments positifs donc qu'il convient cependant de tempérer. Les "bons" chiffres macro-économiques s'expliquent par la sortie du confinement. Et non pas par une reprise spectaculaire. Une grande partie des Français sont sortis de la crise sanitaire avec un appétit de consommer et des finances relativement peu touchées. Mais le choc économique reste à venir. Les grands plans sociaux ne font que débuter (Airbus, Air France…) et avec eux les nuages sombres du chômage et les difficultés de pouvoir d’achat.

Les prévisions font toujours état d’un PIB en recul de 10% sur l’année selon la Commission européenne pour un rebond d'à peine 7,1% en 2021. Le niveau de richesse créé l'année prochaine serait donc toujours 3,5% inférieur à celui de 2019. Le taux de chômage devrait grimper fortement sur la période pour atteindre un pic à 11,5% mi-2021 selon la Banque de France. Si le déconfinement a été meilleur que prévu, la crise, elle, est toujours devant nous.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco