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Crack à Paris: un an après l'évacuation des toxicomanes de Stalingrad, la nuit reste un calvaire pour les habitants

Selon la préfecture de police de Paris, un plan crack sera dévoilé en septembre.

Quelle situation aujourd'hui dans le quartier de Stalingrad? Un an après l'évacuation des consommateurs de crack vers la porte de la Villette, dans le quartier de Stalingrad la vie paisible a repris la journée, avec ses balades en bateau et ses terrasses. Se mettre à la fenêtre en plein jour est même redevenu un plaisir pour cet habitant.

"C'est le paradis la journée, il y a Paris-Plage, confie Jacques, fondateur du collectif Action Stalingrad, au micro de BFMTV. Je vais prendre mon café juste en face au MK2, c'est un endroit qui est idyllique."

"On est complètement ignorés"

Mais la nuit, c'est un autre visage qu'offrent les quais du bassin de La Villette. Les toxicomanes reviennent et les habitants du quartier de Stalingrad subissent toujours l'insécurité et les nuisances sonores. Jacques assiste aux mêmes scènes quasiment tous les soirs.

"Ça, c'est une vidéo que j'ai prise à 5h du matin, indique Jacques, vidéo à l'appui. On a l'impression qu'on est en pleine journée avec ce va-et-vient. Il y a cinq personnes à côté des petits plots, cinq autres personnes sur le 'canapé crack' qui fument des pipes à crack, comme s'il n'y avait vraiment personne qui dormait autour. On est complètement ignorés. On se sent méprisés par les pouvoirs publics."

"Des solutions et des subventions"

Pour Frédéric Francelle, membre du collectif Paris 19, ce retour des toxicomanes la nuit, n'est pas une surprise. Il fustige la doctrine de la mairie de Paris.

"On a toujours alerté sur le fait qu'ils allaient revenir, explique-t-il, sur BFMTV, ce mercredi. Tout simplement, parce que la doctrine de la mairie de Paris qui consiste en l'hébergement et l'autorisation de la consommation encadrée toute la journée, ne peut que multiplier les toxicomanes. Ils reviennent sur Stalingrad, parce que le camp du square de La Villette est insalubre. Il est excessivement dangereux, donc ils préfèrent s'en éloigner la nuit."

Pour Frédéric Francelle, la politique actuelle menée par la mairie de Paris "n'est pas acceptable". Il demande "des solutions et des subventions pour des associations de sevrage et de désintoxication".

"Il faut les accompagner vers une désintoxication et un sevrage, pas les accompagner dans leur consommation, déclare-t-il (...) Franchement au bout d'un moment, il faut arrêter ce genre de vision qui est une déchéance pour tout le monde, c'est-à-dire que ça augmente le nombre de toxicomanes et puis eux-mêmes ça ne les sort de rien du tout, puisqu'ils continuent de consommer."

Un plan crack dévoilé en septembre

Elsa Laurent, psychologue et addictologue, est en partie d'accord avec le membre du collectif Paris 19. "On ne fait pas assez de politique de réinsertion et de prise en charge médicale", avoue-t-elle, sur le plateau de BFMTV, avant d'ajouter qu'"il y a aussi une raison" à cela.

"Il n'y a pas de prise en charge de substitution, comme il y avait pour l'héroïne, poursuit-elle. Ce qu'il faut faire, c'est leur permettre de sortir de leur précarité. Il faut travailler sur la réinsertion."

Selon la préfecture de police, un plan crack sera dévoilé en septembre. Pour l'heure, les forces de l'ordre sont présentes tous les jours pour disperser les consommateurs et interpeller les trafiquants.

Isabelle Gollentz et Solenne Bertrand