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"Quelle honte": Le Maire dénonce les aides sociales envoyées au Maghreb et suscite la colère à gauche

Au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie a dénoncé sur BFMTV l'usage des prestations sociales "envoyées de manière illégale à l'étranger". Plusieurs figures de la gauche ont dénoncé des propos "xénophobes", faisant "le lit de l'extrême droite".

Des propos de Bruno Le Maire qui ne passent pas. Le ministre de l'Économie a annoncé ce mardi matin sur BFMTV-RMC vouloir traquer les bénéficiaires d'aides sociales qui transfèrent celles-ci vers des comptes domiciliés à l'étranger, "au Maghreb ou ailleurs".

"Nos compatriotes en ont ras le bol de voir des personnes toucher des aides qu’ils payent eux-mêmes et les renvoyer au Maghreb ou ailleurs alors qu’ils n’y ont pas le droit", a estimé Bruno Le Maire.

Pour ce faire, le locataire de Bercy veut solliciter les compagnies aériennes afin de tracer leurs déplacements. La gauche a étrillé cette proposition.

"Faire diversion"

"Chers compatriotes musulmans ou originaires comme moi du Maghreb, préparez-vous", a écrit sur son compte Twitter Jean-Luc Mélenchon.

Cette proposition passe d'autant moins au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron qui a réitéré sa volonté de faire appliquer la réforme des retraites "dès l'automne".

"Pour faire diversion, le gouvernement annonce par la voix de Bruno Le Maire une nouvelle campagne pour vous montrer du doigt", a ajouté Le fondateur de la France insoumise, appelant au "sang-froid".

Expliquant vouloir défendre l'ordre républicain, Bruno Le Maire a jugé que "le modèle social est fait pour protéger les plus modestes, contre les accidents de la vie mais pas pour envoyer de l’argent de manière illégale à l’étranger."

"Une grosse ficelle"

"Quelle honte", a fait savoir de son côté Manuel Bompard, le coordinateur des insoumis, tout comme Mathilde Panot, la numéro un des députés LFI, qui a dénonce "une grosse ficelle".

Plus tôt dans la matinée, Gabriel Attal avait donné au micro de France Inter le cap gouvernemental sur la lutte contre la fraude.

"J’ai entendu des Français me dire 'vous nous demandez de travailler un peu plus longtemps pour payer le système de retraites mais si tout le monde travaillait, ça réglerait une partie du problème', d’où la réforme du RSA qui est importante pour inciter et accompagner davantage vers la reprise de l’emploi", a cité le ministre délégué au Budget.

"Le lit de l'extrême droite"

La fraude sociale liée aux versement de prestations sociales représente de 1 à 2 milliards d'euros par an contre 80 à 100 milliards d'euros pour la fraude fiscale, d'après des chiffres du ministère de l'Économie.

"À part faire le lit de l’extrême droite, à quoi sert ce gouvernement?", s'est demandé de son côté Adrien Quatennens.

Le député, fraîchement réintégré au sein du groupe LFI, a incité le ministre de l'Économie à aller "plutôt aux Fidji, aux Îles Vierges britanniques et américaines, au Panama ou aux Seychelles! Là où nombre de vos électeurs cachent leur pognon!"

"Flatter les préjugés xénophobes"

Boris Vallaud, le patron des députés socialistes a fait de son côté le lien avec l'allocution d'Emmanuel Macron qui a vanté "100 jours d'apaisement" d'ici le 14 juillet avec les chantiers prioritaires de l'école, de l'éducation et de la lutte contre l'immigration illégale.

"Jour 1 des 100 jours d'apaisement: flatter les préjugés xénophobes", a souligné l'élu PS.

Emmanuel Macron a promis de son côté "des annonces fortes dès le mois de mai" contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales. Bruno Le Maire a pour sa part déjà annoncé "vouloir doubler les effectifs du service d’enquête judiciaire des finances."

Marie-Pierre Bourgeois