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Santé

La Société française de néonatologie alerte sur l'état "préoccupant" des soins critiques des nouveau-nés

La Société française de néonatologie alerte sur l'état "préoccupant" des soins critiques

La Société française de néonatologie alerte sur l'état "préoccupant" des soins critiques - Didier PALLAGES

La Société française de néonatologie a publié ce lundi les résultats d'un audit sur l'offre de soins en néonatalogie, en particulier critiques. Elle y pointe notamment des taux d'occupation élevés et des équipes en sous-effectif.

L'accueil des bébés requérant des soins critiques est-il l'un des facteurs expliquant la hausse de la mortalité néonatale précoce? Selon une étude de chercheurs de l’Inserm, de l'université de Paris, de l’AP-HP et du CHU de Nantes, publiée en mars 2022, depuis 2012, la France connaît une augmentation significative du taux de mortalité infantile.

"Cette augmentation de 7% a fait passer la mortalité infantile de 3,32 en 2012 à 3,56 décès pour 1000 naissances vivantes en 2019", avait alors noté l'Inserm dans un communiqué. Une tendance tirée par une hausse de la mortalité néonatale précoce (enfants nés vivants et décédés dans les 7 premiers jours de vie).

Une "dégradation du circuit de soins"

Face à ce constat alarmant, la Société française de néonatologie (SFN), une société savante regroupant les professionnels travaillant autour du nouveau-né, a mené entre 2021 et 2023 un audit afin d'évaluer l'offre de soins en néonatalogie, en particulier critiques, dans le pays. Elle en a dévoilé les principaux constats dans un communiqué ce lundi.

Parmi les hypothèses qui peuvent expliquer l'augmentation de la mortalité néonatale, la SFN cite "la hausse de l’âge des mères au moment de l’accouchement, l’accroissement des grossesses multiples, les situations de précarité ou encore une dégradation du circuit de soins". Les résultats de l'enquête de la SFN sur l'offre de soins critiques en néonatalogie sont "très préoccupants", alerte-t-elle.

Manque de place et sous-effectif

Elle observe dans un premier temps un nombre de lits en réanimation néonatale pour 1.000 naissances allant du simple au double selon les régions de la métropole. Au global, "l’offre de soins critiques néonatals reste insuffisante", alerte la SFN, avec des taux d'occupation très élevés en moyenne.

En plus de ce manque de place, ces services sont souvent en sous-effectif. "Au moins un poste de pédiatre néonatologiste est vacant dans 73% des services de type 3, et deux ou plus sont vacants dans 46% des services", selon la SFN.

Des semaines de 75 heures pour certains

En résultat, parmi les 721 pédiatres néonatologistes (sur un total estimé d'environ 1500) qui ont répondu à l’enquête de la société savante sur leur qualité de vie au travail, 80% ont déclaré travailler plus de 50 heures par semaine, et 13% plus de 75 heures hebdomadaires.

Des conditions de travail qui ont un impact sur leur vie personnelle: 49% des néonatologistes interrogés ont déclaré avoir des troubles du sommeil en lien avec leur travail, et 17% ont affirmé avoir connu un épisode de burn-out ou de dépression. "Les principaux motifs d'insatisfaction au travail sont les horaires de travail excessifs et la rémunération insuffisante des gardes", explique la SFN.

Un manque d'ancienneté et de formation des infirmiers

Celle-ci souligne aussi le manque d’ancienneté des équipes d'infirmiers, auquel s’ajoute "un défaut de formation initiale à la pédiatrie et la néonatologie, qui ont été entièrement supprimées du programme d’enseignement du diplôme d’État d’infirmier en 2009".

"Il y a une pression énorme sur les équipes", a déploré auprès du Monde Elsa Kermorvant, vice-présidente de la SFN et néonatologue à l’hôpital Necker à Paris. "On joue sans arrêt aux chaises musicales pour répartir les nouveau-nés qui en ont besoin, on fait sortir un bébé de réanimation plus vite qu’on ne le voudrait, on transfère vers d’autres hôpitaux… Mais ce n’est pas possible de décaler des naissances quand elles arrivent à terme", a-t-elle ajouté.

La Société française de néonatologie appelle donc à une révision de l’organisation des soins critiques en néonatalogie.

Sophie Cazaux