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Harcèlement scolaire: en quoi consistent les cours d'empathie qui débutent dans 1200 écoles?

INFO BFMTV - Coup d'envoi pour les premiers cours d'empathie ce lundi de rentrée scolaire en maternelle et en élémentaire. Des cours qui "seront généralisés à l’ensemble des écoles primaires" dès septembre.

Des cours d'empathie dès les prochains jours à l'école. À partir de ce lundi 8 janvier, une expérimentation va se tenir dans quelque 1200 écoles maternelles et élémentaires, selon des informations de BFMTV.com. Objectif: favoriser un rapport apaisé à soi et aux autres, mais aussi permettre d'améliorer la réussite et le climat scolaires.

Fin septembre, lors de la présentation du plan gouvernemental pour lutter contre le harcèlement scolaire, le ministre de l'Éducation nationale avait annoncé des cours d'empathie intégrés aux programmes scolaires "dès les petites classes". Gabriel Attal avait expliqué vouloir s'inspirer d'autres pays comme le Danemark, "où nous avons constaté que les cas de harcèlement se sont effondrés".

15 et 30 séances d'ici le mois de juin

Le locataire de la rue de Grenelle avait alors évoqué des "cours d'empathie, de respect de soi et de l'autre et des compétences psychosociales", avait-il précisé, ajoutant que ces compétences feraient "désormais partie officiellement des savoirs fondamentaux de l'école".

Harcèlement scolaire : en quoi consiste les "cours d'empathie" venus des pays nordiques dont veut s'inspirer Gabriel Attal ?
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En décembre dernier, le ministre a détaillé son projet sur RTL, expliquant que dans "certaines écoles", les cours d'empathie dureraient "une heure" et dans d'autres, "deux heures dans la semaine".

In fine, la recommandation est d'au moins une séance, voire deux par semaine. Pour les plus petits, ces séances sont prévues pour durer une demie heure, une heure pour les plus grands. Ce qui peut représenter entre 15 et 30 séances d'ici le mois de juin.

"S'autoévaluer positivement"

Concrètement, ce sont les enseignants eux-mêmes qui seront chargés de ces cours. Il n'est pas prévu que des intervenants extérieurs soient mobilisés. Les professeurs du premier degré ont ainsi été formés via un webinaire au mois de décembre. Deux autres formations de ce type sont prévues courant janvier et une dernière devrait être mise en ligne au printemps.

Un kit pédagogique a été publié par le ministère, proposant une progression et des activités spécifiques avec des ressources à imprimer. Il détaille ce que sont les compétences psychosociales, la communication empathique, les comportements altruistes et donne des "repères" pour l'animation des séances.

Parmi les compétences travaillées: "s'autoévaluer positivement", "accroître sa connaissance des émotions" mais aussi "communiquer de façon empathique". Pour chaque compétence, des exercices types sont détaillés, exercices adaptés aux élèves de maternelle et d'élémentaire (du CP au CM2).

Tableau des qualités

En maternelle, parmi les exercices proposés par le kit pour "s'auto-évaluer positivement" afin d'apprendre "à identifier ce dont on est fier pour renforcer l'estime de soi": l'enseignant prend en photo l'élève en train de réaliser une activité qui lui est difficile mais qu'il a tout de même réussie. "L'élève qui est sur la photo la présente au groupe et explique ce qu'il a fait, pourquoi c'était difficile et ce qui le rend fier."

"À la fin de la semaine, tous les élèves devront avoir été pris en photo et avoir pris la parole", détaille le document. Le ministère recommande également d'autres activités collaboratives, comme la construction d'un parcours de motricité, tout en s'appuyant sur la lecture de certains albums.

Pour les élèves d'élémentaire: le ministère recommande de réaliser un tableau des qualités. Par binôme, les élèves colorient dans un tableau au moins trois qualités qu'ils pensent avoir et en discutent avec leur camarade. Un tableau, fournit par le kit, qui peut être distribué en classe.

Les plus à l'aise à l'écrit peuvent également rédiger des phrases avec une ou plusieurs de leurs qualités en expliquant pourquoi. "Puis, lors d'un échange collectif, les élèves qui le souhaitent sont invités à s'exprimer sur certaines qualités qui leur semblent importantes."

Le document propose également un jeu de cartes des forces afin d'apprendre "à identifier ses forces pour renforcer sa confiance en soi et les mobiliser au service du groupe". Chaque élève cherche ainsi une, deux ou trois forces - c'est-à-dire "des choses que vous arrivez bien à faire, naturellement, sans vraiment faire d'effort et que vous aimez faire". Le jeu de cartes est diffusé dans le kit.

Les élèves sont ensuite invités à coller leurs forces sous leur prénom sur une grande affiche, présentée comme "l'espace des forces de la classe". Une activité qui peut être déclinée tout au long de la semaine. "Lors des activités de la classe, écrire les forces qui ont été utilisées", recommande le ministère.

Cartes des émotions

Pour la compétence "accroître sa connaissance des émotions", le ministère propose également une progression. En maternelle, les enseignants peuvent demander aux élèves de trouver dans un album - ou bien dans les cartes émotions mises à disposition dans le kit - l'image d'un personnage content ou joyeux.

Les élèves sont ensuite regroupés et encouragés à expliquer "les indices sur l'image" qui montrent que le personnage est content. Activité qui peut être renouvelée avec la peur ou la colère.

À partir du CP, l'exercice évolue: les élèves font individuellement la liste des émotions qu'ils connaissent puis les collent au tableau "en mettant à côté celles qui se ressemblent afin de parvenir à un classement autour des sept émotions de base: joie, amour, peur, colère, tristesse, dégoût, surprise". Étape suivante: les élèves sont répartis par groupes et miment les émotions.

Méthode danoise ou jeu des trois figures

Quelque 30% des écoles mettront en pratique le kit de la Direction de l'enseignement scolaire, 6% pratiqueront des ateliers philosophiques, 5% la méthode danoise, 2% les jeux des trois figures (expérimenté dans l'académie de Paris). Les 60% restants n'ont pas précisé leur choix de méthode ou opteront pour d'autres.

L'expérimentation des cours d'empathie à l'école sera évaluée. L'effet sur le climat scolaire (harcèlement, non respect du consentement) sera dans un premier temps apprécié avant que les effets à plus long terme sur la réussite scolaire ne soient également mesurés.

Ces bilans seront réalisés en avril, mai et juin et serviront ensuite au conseil des programmes qui formulera des recommandations - notamment sur le cadrage horaire selon les niveaux ou les méthodes à préférer - avant une généralisation - comme l'avait annoncé Gabriel Attal - dès la rentrée de septembre 2024.

Céline Hussonnois-Alaya avec Marie-Pierre Bourgeois et Véronique Fèvre