Les prix de l’électricité pour l’hiver prochain restent élevés en France

La situation intenable des prix de l’électricité observée l’année dernière devrait se tarir au niveau européen. Néanmoins, la France souffre d’un parc nucléaire synonyme d’incertitude et donc d’augmentation des prix à terme de l’électricité. [C. Nass / Shutterstock]

La situation intenable des prix de l’électricité observée l’année dernière devrait se tarir au niveau européen. Néanmoins, les incertitudes concernant les capacités du parc nucléaire font peser un risque de maintien élevé des prix de l’électricité en France à l’hiver prochain, prévient RTE. 

Depuis 2019, le parc nucléaire français souffre d’un retard dans le calendrier de maintenance des réacteurs suite aux confinements successifs dus à la pandémie de Covid-19. À cela se sont ajoutées, en 2022, des problématiques de « corrosion sous contrainte » ayant mis en branle une bonne partie du parc. Au plus fort de la crise et du manque de gaz en Europe, seule une trentaine de réacteurs étaient en fonctionnement, alors que la France compte 56 tranches.

Cette situation entraine donc une méfiance pour l’hiver à venir. En conséquence, fin juin 2023, les prix à terme de l’électricité en France pour le premier trimestre 2024 s’élevaient à plus de 325 euros par MWh. Ce prix est, certes, en baisse par rapport à l’année 2022, mais pratiquement deux fois supérieur aux voisins allemands, italiens ou britanniques, a expliqué mercredi (28 juin) le gestionnaire de réseau français RTE. 

Les prix à terme définissent le prix d’achat en avance pour une électricité consommée plus tard. 

Dans le détail, deux raisons principales expliquent cette situation. D’abord, les prix du gaz utilisé pour la production d’électricité, qui devraient rester élevés à l’hiver. Ensuite, l’intégration de primes de risque très élevées en raison des incertitudes des acteurs du marché sur la disponibilité du parc nucléaire français. 

Les primes de risques intégrées à un prix à terme augmentent le prix de l’actif au moment de l’achat, pour couvrir une augmentation possible de son prix au moment de sa livraison. Elles permettent, en théorie, de contenter l’acheteur et le vendeur en cas de variation du prix à terme.

Un troisième facteur peut jouer les trouble-fêtes dans la formation des prix : la spéculation d’acheteurs qui parient sur une hausse importante des prix, à terme. RTE n’est pas en mesure de caractériser cette donnée, mais « il peut y avoir des phénomènes de sur-couverture en situation de crainte », a confié Thomas Veyrenc, directeur exécutif Stratégie, Prospective et Evaluation chez RTE.

Électricité : la France revoit fortement à la hausse ses besoins pour 2030

Selon le gestionnaire de réseau électrique français, RTE, la France devrait atteindre un niveau de consommation électrique attendu en 2050 dès 2030-2035. Mais nombreux sont les facteurs d’incertitude. 

Craintes démesurées

Toutefois, les primes de risques « semblent démesurées par rapport au risque effectif d’approvisionnement. La situation est nettement meilleure que l’année dernière », a avancé M. Veyrenc. 

« Nous pouvons donc escompter une réduction des craintes, entrainant une normalisation des prix », a-t-il ajouté. 

D’autant que le parc nucléaire est de nouveau à flot. M. Veyrenc estime que sa production va retrouver un niveau « un peu près entre 300 TWh et 330 TWh par an », comme prévu par EDF. 

Il reste toutefois encore loin des 415 TWh de 2015 et des 360 TWh de 2021. Cette réalité ne pourra être d’actualité qu’après la stabilisation du programme de maintenance et la mise en route du réacteur nucléaire de Flamanville, essuyant les retards depuis plusieurs années, avance M. Veyrenc.

Néanmoins, cette courbe de progression est satisfaisante, selon RTE. Sur l’année 2023, la France redeviendra donc exportatrice nette, loin des données enregistrées en 2022 lorsque le pays a été, pour la première fois en 42 ans, importateur net.

En revanche, la situation devrait s’inverser à l’hiver. « Il est probable que nous redevenions importateurs nets », avance M. Veyrenc, sans que cela n’engage une situation hivernale aussi compliquée que l’an dernier.

En outre, la réduction des prix pour l’hiver à venir n’adviendra pas sans le maintien des efforts de sobriété des ménages et des entreprises. Ils ont permis, en 2022, de réduire de 9 % la consommation d’électricité par rapport à la moyenne de 2014 à 2019. 

Pour l’été à venir, compte tenu du faible risque de contrainte sur la disponibilité du système électrique français, les prix spots (ou comptant) ont montré, dès mai, des valeurs parmi les plus basses d’Europe – 77,55 euros par MWh en France, contre plus de 105 euros par MWh en Italie ou en Irlande.

Les stocks hydrauliques et de gaz « se situent à des niveaux très satisfaisants pour la saison », avance RTE. En somme, « il n’existe pas d’inquiétude particulière en matière de sécurité d’approvisionnement », conclut prudemment le gestionnaire de réseau.

En 2022, la France est importatrice nette d’électricité pour la première fois en 42 ans

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[Édité par Davide Basso]

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