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Des vaches masquées pour réduire les émissions de méthane, les éleveurs puydômois sont sceptiques

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Pour lutter contre le réchauffement climatique, les vaches pourraient bientôt porter des masques. L'Inrae de Clermont-Theix travaille depuis des années sur la réduction des émissions de méthane des vaches en modifiant leur alimentation pour réduire les microbes dans leurs panses.

masque anti rots pour vache capable de récupérer le méthane et de le transformer en CO2 masque anti rots pour vache capable de récupérer le méthane et de le transformer en CO2
masque anti rots pour vache capable de récupérer le méthane et de le transformer en CO2 - Zelp

Après plusieurs longs mois à se masquer la bouche et le nez pour enrayer la propagation de l'épidémie de coronavirus, ce sera peut-être bientôt au tour des vaches de devoir porter le masque. Le géant américain de l'agro-alimentaire Cargill devrait lancer dès 2022 la commercialisation de masques anti-méthane pour vache auprès des agriculteurs européens. 

De petits ventilateurs alimentés par des batteries solaires aspireraient ainsi le méthane du rot des vaches qui serait ensuite transformé, à l'aide d'un filtre, en CO2, moins nocif pour le climat. Le dispositif, placé au-dessus du nez de l'animal, permettrait de réduire significativement l'impact climatique de l'élevage de ruminant en diminuant de moitié les rejets de méthane. 

Les masques seront commercialisés sous forme d'abonnements aux alentours de 65 euros par an et par vache. Les masques permettront également de collecter des données sur l’animal, dont le volume de méthane émis, mais aussi de contrôler sa position GPS et sa température afin d’identifier les chaleurs. 

Vaches de l'Inrae de Clermont-Theix munie d'un collier qui permet de récupérer le méthane
Vaches de l'Inrae de Clermont-Theix munie d'un collier qui permet de récupérer le méthane - H. Raguet

L'Inrae de Clermont-Theix à la pointe 

Le projet est jugé crédible par Diego Morgavi, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), à Clermont-Ferrand-Theix, mais il ne se prononce pas sur son efficacité tant qu'il n'a pas pris connaissance des articles scientifiques concernant ces masques anti-méthane. Le chercheur argentin explique qu'a l'Inrae les travaux pour réduire les émissions de méthane portent surtout sur l'alimentation des animaux. 

Une alimentation modifiée grâce à l'apport de compléments alimentaires capables de réduire les microbes dans la panse des bovins qui sont à l'origine de la fermentation de méthane que les vaches rejettent à 95% par leurs rots. "L’élevage en général représente 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sur ces 14%, un peu moins de la moitié, 40%, sont causées par le méthane", explique Diego Morgavi qui précise que le régime alimentaire préconisé par l'Inrae diminue de 20 à 30% les émissions de méthane des vaches. 

Des additifs dès la naissance ?

Revers de la médaille, le coût de cette alimentation à base de compléments alimentaires et de lipides est plus élevé pour les éleveurs qui souhaiteraient participer à la protection de la planète. Mais les chercheurs clermontois explorent en ce moment une nouvelle piste. En nourrissant dés la naissance les veaux avec des additifs pendant quelques semaines seulement, ils se sont aperçu des effets à plus long terme, un an au moins,  sur leurs émissions de méthane qui sont en baisse. 

Ce qui laisse espérer au terme de l'expérimentation la possibilité de ne plus nourrir quotidiennement les vaches avec des additifs au-delà des premiers mois de vie tout en gardant des taux de rejet de méthane plus faibles tout au long de leurs vies, ce qui coûterait moins cher aux éleveurs.     

Il ne faut jamais dire non à ce que la science peut nous apporter - Denis Guérin

Le vice-président de la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, Denis Guérin se dit sceptique mais ouvert. "Si nous avons la possibilité de participer à la lutte contre le réchauffement climatique, nous le ferons mais pas à n'importe quel prix. Le problème c'est le coût de la location de ces masques anti-méthane. Faites le calcul : 65 euros environ par vache et par an, nous avons en moyenne dans la région 80 à 100 vaches par exploitation ça fait cher à la sortie, il nous faudrait des aides pour se le permettre."

Le vice-président de la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme reconnait que ce masque anti-rots, véritable petit bijou de technologie, pourrait avoir d'autres avantages si il est effectivement équipé d'un GPS pour localiser les animaux, de capteur de détection de chaleur, de prise de température, tout cela "pourrait aider les éleveurs à mieux gérer les maladies."

Vaches au pâturage
Vaches au pâturage - INRAE

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