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VIDÉO - "C'est du jamais vu" : sur la piste de l'hydrogène blanc, au coeur d'un forage en Moselle

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Depuis décembre 2022, des chercheurs lorrains sont à la recherche d'hydrogène dans le sous-sol de Folschviller, en Moselle. Ils soupçonnent que ce gaz soit produit naturellement à plus de 3 kilomètres sous la surface. France Bleu Lorraine a visité l'un des puits.

Jacques Pironon présente cette sonde unique au monde, brevetée il y a quelques mois. Jacques Pironon présente cette sonde unique au monde, brevetée il y a quelques mois.
Jacques Pironon présente cette sonde unique au monde, brevetée il y a quelques mois. © Radio France - Bastien Munch

L'endroit ne paie pas de mine : un conteneur jaune et bleu posé sur un terrain vague, à deux pas du centre-ville de Folschviller, en Moselle. C'est ici qu'est installé un puits du projet Regalor, initié par des chercheurs de l'Université de Lorraine et du CNRS, en partenariat avec l'entreprise la Française de l'Énergie. Initialement, ce projet devait permettre d'observer le gaz de charbon, très présent dans le sous-sol lorrain. Mais en décembre 2022, les chercheurs découvrent, presque par hasard, que de l'hydrogène naturel, dit "blanc", est aussi présent en grande quantité.

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À l'intérieur du conteneur, chercheurs comme ingénieurs s'activent. "On va descendre une sonde qui est unique au monde", explique Jacques Pironon, directeur de recherche au laboratoire GeoRessources, qui mène le projet. "Cette sonde a été brevetée, car on est les seuls à le faire à cette profondeur. C'est une membrane qui permet de séparer l'eau des gaz, que l'on extrait et que l'on ramène à la surface."

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Et en effet, ce long tube métallique descend tout doucement, grâce à un treuil, dans un puits dont le diamètre est équivalent à celui d'un rouleau à pâtisserie. "Donc on ne va pas descendre beaucoup plus vite, pour éviter que la sonde ne frotte sur les bords du forage", indique Jacques Pironon.

46 millions de tonnes d'hydrogène peut-être sous nos pieds

Au bout de quelques minutes, la sonde atteint les 1.250 mètres de profondeur, qui correspondent au fonds du puits. "Et là, on peut déjà identifier de l'hydrogène, à deux endroits avec ces deux pics", montre Odile Barrès, ingénieur de recherche au laboratoire GeoRessources, sur l'écran de son ordinateur. Elle a accès aux résultats en temps réel. "À 1.250 mètres de profondeur, on est entre 14 et 17% d'hydrogène. Et on a remarqué que plus on est descendus en profondeur, plus les bandes correspondant à l'hydrogène ont augmenté."

Les chercheurs peuvent contrôler la profondeur de la sonde en temps réel.
Les chercheurs peuvent contrôler la profondeur de la sonde en temps réel. © Radio France - Bastien Munch

Ce qui fait dire à Philippe de Donato, également directeur de recherche au laboratoire GeoRessources, que "c'est du jamais vu". "Si les hypothèses que l'on émet aujourd'hui sont vérifiées, et que l'on a une source continue d'hydrogène dans le sous-sol, on a estimé cette ressource à 46 millions de tonnes. C'est énorme !", s'exclame-t-il*. "C'est pour ça que le jeu en vaut vraiment la chandelle.*

"On sait comment faire pour injecter le gaz dans le réseau"

Comme un message envoyé aux services de l'État. Car pour confirmer cette source d'énergie renouvelable, les chercheurs du projet Regalor aimeraient pouvoir creuser un nouveau puits dans la région, mais beaucoup plus profond : à plus de 3.000 mètres sous nos pieds. "On veut vérifier le mécanisme qu'on met en avant", explique Philippe de Donato. "Pour cela, il faut qu'on optimise le système d'extraction de l'hydrogène. La membrane est opérationnelle à 1.250 mètres mais on n'a jamais essayé à 3.000. On va multiplier la pression par trois, donc elle ne va peut-être pas fonctionner."

"Une fois qu'on aura vérifié ce mécanisme, on pourra vraiment quantifier la ressource", continue le chercheur. "Et ensuite, on pourra directement injecter l'hydrogène blanc dans le réseau de gaz, moyennant un certain nombre d'adaptations. Mais on a la logistique nécessaire pour le transporter !" En attendant, dès la rentrée, un autre puits, déjà creusé juste à côté du premier, sera utilisé pour approfondir les recherches.

Un conteneur a été installé autour du puits, pour pouvoir analyser les mesures en direct.
Un conteneur a été installé autour du puits, pour pouvoir analyser les mesures en direct. © Radio France - Bastien Munch

La décision de l'État dans ce dossier s'annonce très attendue, trois semaines après le refus, par le ministère de la Transition écologique, d'octroyer un permis d'exploration sur le même terrain à la Française de l'Énergie, mais pour exploiter du gaz de charbon. L'entreprise a fait appel, le tribunal administratif de Strasbourg doit rendre sa décision dans les prochains jours.

Le puits a été foré sur un terrain vague, près du centre-ville de Folschviller.
Le puits a été foré sur un terrain vague, près du centre-ville de Folschviller. © Radio France - Bastien Munch

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