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Coronavirus : ce que l'on sait du variant "breton"

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Un nouveau variant du Covid-19 a été détecté début mars au sein d'un cluster à l'hôpital de Lannion, dans les Côtes-d'Armor. Au moins huit patients l'ont contracté, tous sont décédés. Mais l'ARS estime ce mardi qu'il n'y a pas encore de lien de causalité établi entre ces décès et le variant.

Le variant "breton" a été détecté à l'hôpital de Lannion, dans les Côtes-d'Armor. Le variant "breton" a été détecté à l'hôpital de Lannion, dans les Côtes-d'Armor.
Le variant "breton" a été détecté à l'hôpital de Lannion, dans les Côtes-d'Armor. © AFP - Damien MEYER

Il s'agit du premier variant français du coronavirus identifié : un variant "breton" a été détecté à l'hôpital de Lannion, dans les Côtes-d'Armor, au sein d'un cluster, surveillé par les autorités sanitaires depuis trois semaines maintenant. En date du 13 mars, les autorités ont fait état de 79 malades atteints du Covid-19 dont huit ayant contracté ce variant. Lors d'un point presse ce mardi, l'ARS Bretagne a donné de nouvelles indications sur ce variant, appelé 20C. France Bleu fait le point.

Un variant difficilement détectable

Sur les huit cas détectés à Lannion, sept d'entre eux avaient tout d'abord été testés négatifs au Covid-19. Le variant ne répond donc pas toujours aux tests RT-PCR nasopharyngés, "alors que nous avions chez certains patients un tableau évocateur clinique du covid", souligne le directeur de l'ARS Bretagne, Stéphane Mulliez. 

Invité de franceinfo ce mardi, l'épidémiologiste Pascal Crepey voit deux explications possibles : soit "les tests RT-PCR actuels ne fonctionnent pas contre ce nouveau variant", soit ce variant "n'est pas présent dans le nez, ce qui fait que les prélèvements nasopharyngés ne peuvent pas le récupérer".

L'enjeu est aujourd'hui de détecter plus facilement la présence du variant breton. "Les modalités de dépistage ont été modifiées, pour compléter la batterie de tests pour essayer d'identifier ce variant", explique Stéphane Mulliez, notamment via des tests RT-PCR plus profonds qui pourront être réaliser en laboratoire.

Pas de lien établi entre les décès et le nouveau variant

"Nous avons séquencé ce variant sur huit personnes, elles sont malheureusement décédées, indique le patron de l'ARS dans la région. Mais on ne peut pas en tirer la conséquence qu'il y a un rapport direct de cause à effet entre le séquençage de ce variant et les décès". Les prélèvements sur les patients ont été réalisés post-mortem, il s'agissait "de _patients qui étaient déjà en soins intensifs__, qui présentaient des formes graves de la maladie_". Ces malades étaient âgés et atteints de comorbidités.

Il n'y a pas de rapport de cause à effet identifié entre ce variant et les formes graves de la maladie que nous pouvons détecter. - Stéphane Mulliez, directeur de l'ARS Bretagne

En effet, les premières analyses menées par l'institut Pasteur "ne permettent de conclure ni à une gravité ni à une transmissibilité accrues par rapport au virus historique". Ce variant breton serait porteur de neuf mutations.

Philippe Froguel, généticien et endocrinologue, estime qu'"il y a un travail scientifique énorme à faire avant de pouvoir dire s'il est dangereux". Selon lui, il a fallu "six mois" avant de déterminer que le variant anglais était plus contagieux et plus mortel. Invité de franceinfo, le professeur préfère se montrer prudent afin de ne pas vivre "la catastrophe" à laquelle ont été confrontés les virologues anglais qui "ne se sont pas inquiétés".

Des investigations sont en cours "avec les épidémiologistes de Santé publique France et du centre national de ressources Pasteur pour pouvoir préciser la sévérité, la contagiosité et la létalité du variant". Des expérimentations vont également avoir lieu pour étudier la manière dont ce variant réagit à la vaccination et aux anticorps développés lors de précédentes infections. Pour le moment, aucune information ne permet d'estimer que la vaccination est moins pertinente pour ce variant. 

Un variant "sous surveillance"

"C'est un variant que les autorités nationales de santé ont choisi de classer sous surveillance", l'OMS a été alertée. "Ce n'est pas un variant qui est classé préoccupant", comme les variants anglais, sud-africains et brésiliens, précise toutefois l'ARS. Un système de détection et de surveillance particulier a également été mis en place dans une zone géographique comprenant les villes de Lannion, Morlaix, Guingamp et Saint-Brieuc.

Ce variant "breton" a été classé dans la catégorie "à suivre" par les autorités, celle qui regroupe la plupart des milliers de variants qui apparaissent naturellement dans le monde. Seule une petite partie de ces variants poseront des problèmes particuliers, notamment s'ils s'avèrent plus transmissibles. A ce stade, seuls trois variants dans le monde sont considérés comme particulièrement préoccupants, les variants dits anglais, sud-africains et brésiliens.  

Des mesures mises en place

L'ARS Bretagne a également annoncé ce mardi qu'une enquête flash allait être menée : tous les prélèvements positifs par RT-PCR de la Bretagne "vont être envoyés au national". En parallèle, chaque région va envoyer un échantillon de tests RT-PCR positifs pour "permettre à l'institut Pasteur d'identifier si ce variant est présent dans d'autres territoires de la Bretagne ou d'autres régions de France". Selon l'épidémiologiste selon Pascal Crepey, "le variant n'est pas forcément né en Bretagne, il n'y a pas de raison de penser que la région Bretagne est un berceau à variants".

Autre mesure mise en place : en cas de suspicion, "nous ferons un contact-tracing par mesure de prudence pour essayer de freiner la propagation", explique l'Agence régionale de santé. Un "contact tracing plus important" sera mené si une personne a une perte brutale de goût ou d'odorat par exemple, les cas contacts de cas contacts seront alors appelés par les autorités de santé.

Le port du masque est désormais étendu à tout le département des Côtes-d'Armor et la campagne de vaccination va s'intensifier. 4.200 doses vont être mobilisées dans les prochains jours, selon l'ARS. Les soignants de l'hôpital de Lannion vont obtenir 800 vaccins supplémentaires, des laboratoires Pfizer et Moderna. 

55.000 créneaux supplémentaires de vaccination vont ouvrir cette semaine pour les mois de mars et avril. Et un nouveau centre éphémère de vaccination va s'ouvrir à partir de mercredi à Pleumeur-Bodou, où 1.000 doses seront administrées chaque jour, promet le préfet des Côtes-d'Armor. Les autorités appellent également la population à la vigilance. Le télétravail doit être renforcé et les habitants sont invités à ne pas se rassembler à plus de six personnes.

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