POLITIQUE - La proposition ne figurait pas dans l'agenda politique d'Emmanuel Macron, et ne risque pas de s'y inviter en cours de mandat. L'abrogation du mariage pour tous, devenue en deux semaines la contribution la plus votée sur la consultation en ligne indépendante lancée au coeur de la crise des gilets jaunes, ne devrait pas être décidée par le gouvernement. En tout cas pas par Marlène Schiappa.
"Not on my watch" ("Pas tant que je serai là"), a écrit ce samedi 5 janvier sur Twitter la Secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Elle répondait ainsi en quelques mots à un article du HuffPost expliquant que "l'abrogation de la loi Taubira" était la revendication N°1 à l'issue des votes des citoyens, "gilets jaunes ou non", sur cette consultation en ligne.
5900 votes pour "l'abrogation de la loi Taubira"
Le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui rassemble des représentants sociaux et associatifs, avait annoncé à la mi-décembre le lancement d'une consultation en ligne, centrée sur des thématiques qui ont récemment émergé avec la crise des gilets jaunes.
Jusqu'au 4 janvier, n'importe quel citoyen a pu "donner son avis" via une plateforme sur six sujets: "inégalités sociales", "justice fiscale", "inégalités territoriales", "pouvoir d'achat", "participation des citoyens" et "transition écologique". Chacun pouvait soit formuler une "contribution", c'est-à-dire une proposition, soit voter pour les contributions de son choix.
Et, à la clôture de la consultation vendredi soir, les contributions les plus votées étaient souvent celles issues de réseaux militants très marqués à droite comme celles de l'Institut pour la justice ou de collectifs opposés au mariage pour tous ou à la PMA. Et c'est une contribution pour l'abrogation de la "loi Taubira" qui a recueilli le plus de voix, avec près de 5900 votes sur un total de 260.879 votes exprimés, tous sujets confondus.
La contribution a en fait été formulée par le collectif "On ne lâche rien", opposé à la loi pour le Mariage pour tous votée en 2013. Sur son site internet, le groupe appelait d'ailleurs à voter sur le site du Cese pour peser dans le débat sur le mariage homosexuel. En réalité, l'abrogation du mariage pour tous ne figure pas dans les revendications des gilets jaunes. Difficile, donc, de considérer que les résultats de cette consultation traduisent les inquiétudes des manifestants se revendiquant comme gilets jaunes.
Des avis uniquement consultatifs
Dans les contributions les plus votées figurent également des textes pour demander "la fin des subventions dans l'éolien", "le retour à l'universalité des allocations familiales", "la prise en compte du vote blanc" ou "la création d'un référendum d'initiative citoyenne" (RIC, 900 votes). Une proposition "pour un RIC sur le projet de loi bioéthique", dans lequel figure l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, a recueilli plus de 3000 votes.
"Sur la base des résultats de cette consultation, mais aussi d'auditions et de la consultation de citoyens tirés au sort, un avis sera élaboré et présenté au vote en mars 2019, afin d'apporter une réponse globale aux enjeux révélés par le mouvement des gilets jaunes et s'inscrire dans le débat national", avait précisé le Cese. Le Cese a pour première mission de conseiller le gouvernement et le Parlement par ses avis, qui ne sont que consultatifs.
À voir également sur Le HuffPost: