« Ma vision est claire : c’est 1905 et rien que 1905 ». Face à une soixantaine d’intellectuels réunis pour un « grand débat » à l’Élysée, Emmanuel Macron a clarifié sa position, lundi 18 mars au soir, sur la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. « Je ne souhaite pas qu’on change la loi de 1905 et ce qu’elle représente et ce qu’elle permet de préserver », a-t-il martelé.

Le chef de l’État a rappelé, comme à chaque fois qu’il s’exprime sur le sujet, que la laïcité ne s’oppose pas à la liberté de croire : « Je ne demande à personne en République de croire modérément ou pas, cela ne m’intéresse pas. Je veux que chacun puisse croire ou ne pas croire librement (…). Mais je demande au même citoyen de respecter absolument toutes les règles de la République. C’est comme ça que je vois les choses. Dans nos débats on a souvent entremêlé les notions, en demandant d’être modérément musulman… (…) On ne demande à aucun protestant ou catholique d’être modéré ! »

« Montée des conservatismes religieux »

Pour Emmanuel Macron, les tensions proviennent de « peurs qui ne sont pas directement liées à ce principe » de laïcité : celles de « l’immigration » ou « de se faire imposer un modèle par rapport à un autre », a-t-il résumé, évoquant le concept « d’insécurité culturelle » popularisé par le géographe Christophe Guilly dans son livre La France périphérique.

« On mélange le fait cultuel, le fait culturel, le fait migratoire (…) Quand on a un débat sur le burkini, ça n’a rien à voir avec la laïcité, ce n’est pas cultuel, ça n’a rien à voir avec l’ordre public », avec ce que la société accepte collectivement ou pas.

« Il y a un sujet avec l’islam », estime toutefois Emmanuel Macron. Le chef de l’État pointe de nombreux dysfonctionnements dans l’organisation de l’islam de France (financement étranger, organisation du pèlerinage à la Mecque…), évoquant des « glissements par rapport à nos principes » et des « compromis qu’on a passés avec la loi de 1905 », notamment le contournement de l’interdiction pour l’État de financer les cultes via des associations culturelles – en France, tous les nouveaux lieux de cultes, et pas seulement les mosquées, créent des associations loi 1901 pour obtenir des subventions.

« Toute immixtion dans ce qui est de l’ordre de l’État du fait d’une religion ne peut être acceptée » a aussi rappelé Emmanuel Macron. « C’est là qu’il y a un point de tension très fort avec certaines personnes qui organisent ce culte (musulman), le font vivre ».

Le chef de l’État a notamment décrit la « vision très conservatrice et de type politique » de l’islam de certains Frères musulmans et de salafistes, qui « considèrent que leur rôle relève du politique ».