La France a donc basculé dans une nouvelle ère : celle des citoyens confinés mais aussi, parfois, masqués dès qu’ils mettent le nez dehors. Depuis lundi 16 mars, chacun, en faisant ses courses, a pu croiser des personnes portant un masque chirurgical.

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« Cela ne sert absolument à rien. Cela pourrait juste être utile si un patient atteint du coronavirus se mettait à vous éternuer dessus à moins d’un mètre. Mais si chacun respecte les mesures barrières d’un mètre de distance, il n’y a pas besoin de masque pour faire ses courses ! », s’insurge le professeur Didier Lepelletier, président du conseil scientifique de la Société française d’hygiène hospitalière. Une instance qui conseille le ministère de la santé sur ce sujet devenu crucial.

« Des particules infectieuses de grande taille qui vont tomber au sol »

C’est important de le rappeler : le virus du Covid-19 ne reste pas en suspension dans l’air. « Un malade, qui tousse ou éternue, va émettre des particules infectieuses de grande taille qui, par la loi de la gravité, vont tomber au sol », précise le professeur Lepelletier . Ce médecin veut rassurer tous ceux qui craignent d’être contaminés en rentrant dans un espace fermé où a pu, éventuellement, passer un malade.

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Mais le port d’un masque est bien sûr indispensable pour un médecin ou une infirmière qui, au quotidien, approche de près des patients. Selon le professeur Lepelletier, dans l’immense majorité des cas, le port d’un simple masque chirurgical suffit.

Les masques FFP2, dont le grand public a découvert l’existence ces derniers jours, sont indiqués en effet pour des actes médicaux invasifs, au niveau de la sphère ORL ou respiratoire. « Ces masques FFP2 sont plus protecteurs que les masques chirurgicaux mais ils doivent être utilisés pour des actes qui font tousser et qui sont réalisés en étant vraiment tout proche du patient : par exemple quand on fait une intubation ou de la kiné respiratoire de désencombrement », explique-t-il.

Un stock de 110 millions de masques chirurgicaux.

La précision est importante. Depuis quelques jours, beaucoup de médecins ou d’infirmières de ville attendent avec une certaine fébrilité les masques FFP2 que leur a promis le ministère de la santé. Or, pour l’immense majorité de leurs gestes, comme ausculter un patient, un simple masque chirurgical suffit à les protéger.

« Comme on ne sait pas si, à terme, on aura suffisamment de masques FFP2, il faut les réserver pour les soignants qui font des gestes très invasifs », explique encore le médecin, qui ne comprend pas la politique de certains hôpitaux, consistant à délivrer des masques, chirurgicaux ceux-là, à tout le personnel. « Les agents qui ne sont pas en contact avec des patients n’ont pas de raison de porter un masque, même s’ils travaillent dans un hôpital », estime-t-il.

Pour faire face à la crise, l’État a décidé de réquisitionner tous les stocks de masques en France ainsi que tous ceux qui sortent des usines. Mardi 18 mars sur France Inter, Olivier Véran a indiqué que l’État avait un stock de 110 millions de masques chirurgicaux. « Nous en achetons partout, nous en fabriquons partout », a expliqué le ministre de la santé.