Marseille : l'hommage ambigu du RN au colonel Arnaud Beltrame

Les élus RN ont "inauguré" la plaque posée par la municipalité à Sainte-Marthe (14e).

Les élus RN ont "inauguré" la plaque posée par la municipalité à Sainte-Marthe (14e).

Photo f. speich

Marseille

Devant l'école Sainte-Marthe Audisio (14e), ils sont une cinquantaine, dont la maire RN du secteur Sandrine D'Angio et des élus de sa majorité, mais aussi la moitié des têtes de liste du candidat RN, à s'être retrouvés pour cette cérémonie

Debout sur la sono, un militant RN tente d'accrocher un tissu sur la plaque bleu marine accrochée sur un lampadaire à 2,50 m du sol. L'opération est vaine. Tant pis. Cela n'a pas empêché, hier après-midi, au sénateur RN et candidat à la mairie de Marseille, Stéphane Ravier, d'"inaugurer" la place du Colonel-Arnaud-Beltrame. Devant l'école Sainte-Marthe Audisio (14e), ils sont une cinquantaine, dont la maire RN du secteur Sandrine D'Angio et des élus de sa majorité, mais aussi la moitié des têtes de liste du candidat RN, à s'être retrouvés pour cette cérémonie. En "hommage" à ce "héros français", tué par "un terroriste islamiste", le gendarme Arnaud Beltrame, qui s'était substitué à une otage de Redouane Lakdim, le 23 mars 2018, dans le Super U de Trèbes (Aude).

Entorse

Mais promis, à un mois du premier tour des municipales, il ne s'agit pas d'une opération de récupération. Pas de récupération, donc lorsque, sur le parvis d'une école, le sénateur du RN décrit par le détail les sordides circonstances du meurtre du lieutenant-colonel et des trois autres victimes de Trèbes. Pas de récupération non plus lorsque le même Stéphane Ravier reconnaît qu'il n'a pas contacté la famille du défunt, laquelle s'est justement opposée à toute "récupération". "J'ai un immense respect pour la famille. Mais son acte de courage appartient à tous les Français", conteste le candidat d'extrême droite.

Pas de récupération non plus quand le candidat accuse la municipalité d'avoir "posé en catimini les plaques pour ne pas heurter 'l'autre' et insulter le colonel Beltrame et sa famille". Renseignement pris, d'autres plaques de noms de rue ont été installées ces dernières semaines à Marseille sans être inaugurée. Exemple : le rond-point du Prado Jacques-Chirac (8e). "Le maire ne veut plus inaugurer de noms de rue d'ici à la fin de son mandat ", indique un élu de la majorité qui suit ce dossier. Une façon de se prémunir des accusations d'électoralisme. Stéphane Ravier ne s'embarrasse pas de cette précaution : "Quand on a affaire à un homme qui a fait le sacrifice de sa vie, on peut peut-être faire une entorse".