Pour faire face à la l'afflux des commandes en ligne, Amazon va recruter 175 000 personnes (illustration)

A l'issue d'un CSE mercredi 15 avril, Amazon a annoncé la fermeture de ses sites français pour cinq jours, du 16 au 21 avril.

afp.com/DENIS CHARLET

Amazon envisageait de suspendre son activité en France, après le jugement mardi du tribunal judiciaire de Nanterre lui ordonnant de limiter ses livraisons aux seuls produits essentiels. Et, à l'issue d'un CSE (comité social et économique) ce mercredi après-midi, la société a annoncé la fermeture de ses sites français pour cinq jours, du 16 au 21 avril, ont indiqué la direction et une source syndicale à l'AFP.

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Le CSE convoqué s'est prononcé par 14 voix sur 18 votants en faveur de cette fermeture pour nettoyer les sites et évaluer les risques, a précisé un délégué CGT, Emilien Williatte. Les salariés et intérimaires (près de 10 000 personnes) seront payés à 100 % pendant cette période de cinq jours selon la direction, qui précise que le recours au chômage partiel "a été évoqué", mais que ses "modalités d'application n'ont pas été définies".

"La fermeture des entrepôts, c'est ce que nous avions demandé au tribunal à titre principal", a rappelé le syndicat SUD, le premier syndicat chez Amazon, à l'origine de la plainte devant le tribunal judiciaire de Nanterre.

"Nous serons attentifs au maintien de la rémunération des salariés et nous avons des propositions à défendre : l'obligation de port du masque, la suppression de la prise de température qui occasionne des queues potentiellement dangereuses, un observatoire des cas de Covid-19 dans le groupe, le respect du droit de retrait", a indiqué Laurent Degousée de SUD Commerce.

"Le risque de contrevenir à la décision était trop élevé"

"Considérant la complexité inhérente à nos activités logistiques et l'amende d'un million d'euros par infraction imposée par le tribunal, le risque de contrevenir à la décision était trop élevé", a pour sa part commenté ce mercredi la direction d'Amazon. Selon elle, cette action en justice "aura probablement des conséquences pour de nombreuses personnes dans notre pays, qu'il s'agisse de nos milliers de collaborateurs, des clients qui comptent sur nous en ce moment plus que jamais, ou des nombreuses TPE et PME françaises qui s'appuient sur Amazon pour se développer".

Le tribunal judiciaire de Nanterre avait jugé mardi que la société avait "de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés". Il lui ordonnait en conséquence de conduire une évaluation des risques avec les représentants du personnel, et entre-temps de se limiter aux seuls "produits alimentaires, de produits d'hygiène et de produits médicaux", sous astreinte d'un million d'euros d'amende par jour de retard et par infraction constatée.

La décision du tribunal laisse Amazon "perplexe" compte tenu des mesures de sécurité déjà mises en oeuvre (contrôles de température, masques, distanciation sociale ...). L'entreprise a annoncé faire appel, mais la décision étant de droit exécutoire, l'appel n'est pas suspensif et doit s'appliquer 24h après la notification, reçue mercredi matin par l'entreprise.

Cinq mises en demeure de la part de l'inspection du travail

Amazon avait annoncé le 21 mars dernier cesser de prendre des commandes jugées "moins prioritaires" sur ses sites français et italien, mais cette notion ne recoupe pas celle de "produits essentiels", les produits alimentaires, d'hygiène et de santé étant très minoritaires dans l'activité du groupe.

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Amazon a fait l'objet de cinq mises en demeure de la part de l'inspection du travail, dont trois ont été levées. Le groupe, qui emploie près de 10 000 salariés dont un tiers d'intérimaires dans ses six entrepôts français, assure avoir distribué "plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27 000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques".

Le tribunal de Nanterre relève plusieurs risques de contamination dans son jugement, notamment au passage des portiques de sécurité qui équipent les sites. Il déplore aussi que les comptes rendus des CSE n'aient pas été portés à sa connaissance, et y voit un défaut de concertation avec les représentants du personnel.

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