Autour du métro La Chapelle, à Paris, des dizaines d'hommes se retrouvent le soir venu. Des riveraines dénoncent des faits de harcèlement de rue.

Autour du métro La Chapelle, à Paris, des dizaines d'hommes se retrouvent le soir venu. Des riveraines dénoncent des faits de harcèlement de rue.

@A_MarchalNguyen/Twitter

Pour protéger les femmes du harcèlement de rue dont elles sont victimes dans le quartier parisien de Chapelle-Pajol, il faudrait "élargir les trottoirs", affirme Caroline de Haas. Car selon la fondatrice d'Osez le féminisme et actuelle candidate aux législatives dans la 18e circonscription de Paris, c'est très clair: l'aménagement urbain est en partie responsable du harcèlement de rue.

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"Dans tous les quartiers où il y a un problème d'espace, où il y a une concentration de personnes qui restent à la même place toute la journée, il y a des violences à l'encontre des femmes. On pourrait élargir les trottoirs pour qu'il y ait plus de place et qu'il n'y ait pas de cohue dans ces endroits-là. On pourrait aussi mettre de l'éclairage pour faire en sorte que, quand on circule dans la rue, il n'y ait pas de coins sombres", a-t-elle indiqué sur France Info, ce dimanche.

L'aménagement des installations: une idée loin d'être saugrenue

Une proposition largement critiquée et moquée, aussi bien par des politiques de tout bord que par des internautes et même par le philosophe Raphaël Enthoven.

L'idée de l'ex-conseillère de Najat Vallaud-Belkacem au ministère des Droits des Femmes n'est pourtant pas saugrenue. Comme le rappelait Edith Maruéjouls, une géographe qui travaille sur les questions de l'égalité dans les espaces publics interrogée par L'Express, mettre fin aux zones urbaines exclusivement masculines passe aussi par l'urbanisme et l'aménagement des installations.

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"Il faut retravailler la mixité dans les aménagements. L'image de la femme que renvoient les espaces publicitaires et les équipements sportifs, tels que les terrains de foot, boulodromes ou skatepark, destinés à un public masculin, n'aident pas à cette mixité", déplorait-elle par exemple.

Un problème pour les femmes, mais aussi les hommes, les enfants, etc.

Elle rappelait aussi que cette question des zones prises d'assaut par des groupes d'hommes pose aussi un problème à la grande majorité des habitants des quartiers concernés. "Il n'y a pas que les femmes qui sont embêtées, mais aussi les enfants, les personnes âgées, fragilisées ou encore les hommes qui se sentent un peu fluets, soit 80% de la population".

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Le maire du 18e arrondissement de Paris, Eric Lejoindre, joint par L'Express, avait également évoqué l'aménagement des installations. "Nous avons accentué l'éclairage et supprimé les plots sur lesquels ces hommes pouvaient s'asseoir, indiquait-il, précisant que le square de Jessaint, qui jouxte le boulevard de La Chapelle, allait être "prochainement" réaménagé par des associations d'habitants.

La densité, source de tensions

Des habitués du quartier de La Chapelle, comme le journaliste Samuel Laurent, ont directement défendu l'idée d'élargissement des trottoirs. Cela pourrait aider à pallier la "densité énorme du quartier", source de tension parmi les habitants, estime-t-il.

Joint par le Lab, Caroline de Haas a de son côté "profondément regretté cette polémique inutile", estimant que "sa parole a été extrêmement réduite" dans le reportage de France Télévisions. Dans un post de blog publié sur Mediapart, elle détaille ses solutions: la prévention et l'éducation, et donc l'augmentation des moyens des centres sociaux, mais aussi les sanctions, qui ne sont "jamais appliquées" selon elle, et "l'aménagement de l'espace urbain", avec plus d'espace et d'éclairage.

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