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Classement Pisa : le niveau des élèves français dégringole

Les résultats de cette enquête internationale de référence montrent une forte baisse dans de nombreux pays, dont la France, qui se maintient toutefois dans la moyenne de l’OCDE.

Verdict sans appel : le «choc Pisa» n’a toujours pas eu lieu en France. C’est ce que révèlent les résultats du dernier classement «Programme pour le suivi des acquis des élèves»*, publiés ce 5 décembre. Tous les trois ans, ce test international de référence mesure les compétences des élèves de 15 ans de l’OCDE (pays membres et associés) en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en culture scientifique. Les épreuves, qui devaient initialement être réalisées en 2021, ont été décalées d’un an en raison de la pandémie de coronavirus.

Comme lors des éditions précédentes, la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. Les élèves français ont en effet obtenu 474 points en mathématiques, soit juste au-dessus de la moyenne, qui s'établit à 472 points; 474 points en compréhension de l'écrit alors que la moyenne se situe à 476 points; 487 points en culture scientifique quand la moyenne pointe à 485 points.

Constat peu réjouissant. Alors même que l’Hexagone est la 7e puissance économique mondiale, elle arrive 26e en mathématiques comme en culture scientifique et 29e en compréhension de l’écrit. Ses résultats sont globalement comparables à ceux de l’Allemagne, de l’Espagne, du Portugal, de la Hongrie, de l’Italie, de la Norvège ou encore de la Lituanie.

Les pays asiatiques en tête

De Singapour au Japon, en passant par la Corée, ce sont les pays asiatiques qui caracolent une fois de plus en tête du classement et continuent de creuser l’écart. En Europe, les meilleures performances reviennent à la Suisse, l’Irlande et l’Estonie.

Cette nouvelle édition du classement Pisa est marquée par la crise du Covid-19, qui a impacté l’ouverture et le fonctionnement des établissements scolaires dans le monde à partir de 2020. L’OCDE constate ainsi «une baisse inédite des performances des élèves» depuis le premier classement Pisa, en 2000. En mathématiques, le principal domaine étudié pour ce cru 2022, les pays de l’OCDE enregistrent, en moyenne, une dégringolade de 15 points par rapport à Pisa 2018. Là où les baisses précédentes enregistrées n’avaient jamais excédé les 4 points. En France, la baisse est vertigineuse, avec 21 points perdus en mathématiques.

Même constat en compréhension de l’écrit, où les petits Français perdent 19 points, là où la baisse moyenne dans l’OCDE est de 10 points. Ces résultats sont «parmi les plus bas mesurés par l’enquête Pisa dans les trois matières en France», observe l’OCDE. Avec une trajectoire différente selon les matières : en mathématiques, les résultats avaient stagné entre 2006 et 2018, alors qu’en compréhension de l’écrit, le déclin s’était amorcé dès 2012.

La Finlande en chute libre

En termes de déclin depuis 2018, la Finlande, l’Allemagne et la Norvège font encore pire que la France. La Finlande, qui fut jadis dans le haut du classement, enregistre la plus forte chute, même si le pays scandinave continue de devancer la France. Une situation qui s’explique, selon l’OCDE, par «la plus forte diversité, aujourd’hui, dans la population finlandaise, un début de pénurie d’enseignants et un fort écart entre les garçons et les filles, à l’avantage de ces dernières».

L’Allemagne, après le «choc Pisa» des années 2000 et une remontée dans le classement, connaît un «retournement de tendance qui avait déjà commencé en 2015». «Il convient d'évoquer le fait que la proportion d'élèves issus de l'immigration en Allemagne a doublé, passant de 13 % en 2012 à 26 % en 2022, note l’OCDE. En 2022, presque un élève sur 10 en Allemagne (9%) était né dans un autre pays, ce qui implique aussi qu'il a souvent rejoint le système éducatif allemand ’en cours de route’. De manière évidente, l'Allemagne n'a pas toujours réussi à bien les intégrer dans un système fortement stratifié.»

Mais la crise sanitaire n’a pas été une fatalité pour tous. Depuis Pisa 2018, Singapour, le Japon, la Corée, l’Estonie et l’Irlande ont continué de progresser. «Singapour a beaucoup d’avance, explique-t-on à l’OCDE. Le pays a mieux résisté au Covid. Et il souffre moins de problèmes d’attractivité du métier d’enseignant, comme le Japon et la Corée.» L’Estonie, de son côté, a largement investi sur la formation des enseignants, quand l’Irlande a développé une aide personnalisée auprès des élèves.

La pénurie d’enseignants en cause en France?

Comment expliquer les performances en baisse de la France ? «Tout n’est pas imputable au Covid», résume-t-on à l’OCDE. Faut-il regarder du côté de la pénurie d’enseignants ? En 2022, 67% des élèves étaient scolarisés dans des collèges ou lycées dont le chef d’établissement déclarait un manque d’enseignants, contre 17% en 2018 ! C’est la proportion la plus élevée dans l’OCDE. L’organisation fait un lien direct entre manque de personnels et résultats des élèves.

Le «climat disciplinaire» est «très préoccupant en France, avec une très légère aggravation», souligne par ailleurs l’enquête. Ainsi, 39% des élèves déclarent que leur temps d’apprentissage est réduit car l’enseignant doit «attendre longtemps» que la classe se calme, contre 25% en moyenne dans l’OCDE. Et un élève sur deux explique qu’il y a «du bruit et du désordre dans la plupart ou dans tous les cours», contre 30% en moyenne.

La France est également l’un des pays où les élèves déclarent percevoir le moins de soutien de la part de leurs enseignants. Seuls 52% expliquent que leurs professeurs «semblent s’intéresser aux progrès de chaque élève à la plupart des cours de mathématiques», contre 63% en moyenne dans l’OCDE. Enfin, le statut social, économique et culturel des élèves «prédit toujours bien plus les résultats en France que dans d’autres pays», même si la situation ne s’est pas aggravée : en France, les élèves issus de milieux favorisés ont par exemple obtenu des résultats en mathématiques supérieurs de 113 points à ceux des élèves défavorisés, contre 94 en moyenne dans l’OCDE.

Des annonces de Gabriel Attal ce mardi

Dans la foulée de ces résultats, officiellement révélés ce mardi matin lors d'une conférence de presse au siège de l'OCDE, Gabriel Attal tiendra ce mardi après-midi une autre conférence de presse pour annoncer son «plan d'élévation du niveau général» des élèves. Début octobre, à l'occasion de la journée mondiale des enseignants, il avait lancé une mission «exigence des savoirs» visant à faire émerger des propositions afin d'«accroître le niveau des élèves de la maternelle au lycée».

Au cours de ces dernières semaines, le ministre a déjà esquissé plusieurs pistes, parmi lesquelles l'instauration de groupes de niveau au collège ou la labellisation des manuels scolaires. Il s'est également dit prêt à «revoir la question du tabou du redoublement». À ce sujet, le classement Pisa 2022 publié ce mardi montre que 10% des élèves français âgés de 15 ans avaient redoublé au moins une fois dans leur scolarité, contre 40% en 2003, «ce qui dénote un grand changement en vingt ans». Aujourd'hui, la part des redoublants en France est à peine supérieure à celle de la moyenne des pays de l'OCDE.


*Méthodologie

Pour cette édition 2022 du classement Pisa ont été tirés au sort 6770 élèves âgés de 15 ans issus de toutes les académies de France, pour la plupart scolarisés en seconde générale et technologique (64%) mais aussi en seconde professionnelle (17,9%).

Les jeunes Français, tout comme les élèves des 80 autres pays concernés, devaient répondre sur ordinateur à une série de questions fermées (QCM, vrai/faux) ou ouvertes (à réponse courte ou construite).

Comme pour chaque étude Pisa, trois domaines ont été évalués : la compréhension de l'écrit, la culture mathématique et la culture scientifique. Cette fois-ci, à l’instar de l’édition 2012, la culture mathématique était la «majeure».


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437 commentaires
  • Michel Trophimovitch

    le

    Eric ZEMMOUR, Marion MARECHAL et RECONQUETE sont maintenant, et plus que jamais, ceux qui incarnent le mieux la droite !

  • Bonjour2022

    le

    Résultat du nivellement par le bas

  • Cepheides

    le

    Vous savez bien que Macron n'est responsable de rien depuis 7 ans. Mais il veut accélérer les réformes...! Plus d'1 an pour faire passer un texte par le sénat.... ! Et ce n'est pas fini.

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