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Lettres polémiques, menaces... Le rectorat de Versailles dans la tourmente

Le rectorat de Versailles, où le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, se rendra lundi pour «faire le point». LUDOVIC MARIN/AFP

RÉCIT - Des «courriers de réprobation» ont été envoyés à plusieurs familles en conflit avec l’institution.

«Dans l’intérêt de votre enfant et par souci d’exemplarité à son égard, je vous enjoins d’adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers (…) tout personnel de l’Éducation nationale qui œuvre à la prise en charge de votre fille/fils et agit au mieux à son égard. » Deux lettres polémiques, une même formule qui choque. Déjà sous le feu des projecteurs depuis le suicide du jeune Nicolas, harcelé dans son ancien établissement, le rectorat de Versailles se retrouve dans la tourmente en raison d’une nouvelle affaire révélée par BFMTV. Selon la chaîne, au printemps dernier, un père de famille aurait reçu un courrier au ton jugé «menaçant» de la part du rectorat, déjà à l’origine d’une lettre semblable envoyée aux parents de Nicolas.

Le père de famille en question accuse un animateur périscolaire d’avoir pratiqué des attouchements sur sa fille, scolarisée dans une école d’Andrésy (Yvelines). En mars 2023, il dépose plainte auprès du commissariat de Conflans-Sainte-Honorine pour des faits d’agression sexuelle sur mineure de 15 ans, indique au Figaro le parquet de Versailles, qui ajoute que l’enquête «est en cours». Au-delà de la sphère judiciaire, le père de famille dénonce la manière dont la situation a été gérée par la directrice d’école. Le ton monte lors d’une première rencontre. À son issue, la directrice se sent menacée et demande la protection fonctionnelle, qui lui est accordée, selon nos informations. Dans un mail ultérieurement adressé à la directrice, au rectorat et à la mairie, le père se dit «sidéré de la légèreté et de la désinvolture dont (la directrice) a fait preuve». Quelques semaines plus tard, il reçoit la fameuse lettre du rectorat.

Depuis le Danemark, où il s’est rendu dans le cadre d’un déplacement «consacré à la lutte contre le harcèlement», le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a réagi ce vendredi en «condamnant fermement les termes de ce courrier». Samedi dernier, l’homme politique avait déjà estimé que la lettre adressée à la même période par le pôle versaillais du service interacadémique des affaires juridiques (SIAJ) aux parents de Nicolas était «une honte». L’adolescent de 15 ans s’est suicidé le 5 septembre à son domicile de Poissy. Deux enquêtes judiciaires - une en «recherche des causes de la mort», l’autre pour «harcèlement» - et une enquête administrative - dont les conclusions devraient être connues prochainement - sont en cours dans ce dossier qui a suscité une émotion nationale.

Manifestement, il y a une défaillance sur le type de réponse qui a été adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets

Élisabeth Borne, première ministre

Dix jours après la mort du jeune garçon, BFMTV publiait la lettre envoyée par le rectorat aux parents de la victime, déclenchant une deuxième vague d’indignation. Élisabeth Borne elle-même, la première ministre, avait qualifié ce courrier de «choquant» et de «décalé par rapport à la douleur» de la famille. «Manifestement, il y a une défaillance sur le type de réponse qui a été adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets», avait-elle souligné.

Dans ce contexte de turbulences, Gabriel Attal se rendra lundi à Versailles pour «faire le point» avec Étienne Champion, le recteur nommé cet été en remplacement de la précédente rectrice, Charline Avenel, désormais directrice générale du groupe privé d’enseignement supérieur Ionis. D’autant que la situation pourrait d’ailleurs encore s’envenimer. Le locataire de la Rue de Grenelle a en effet fait savoir que, d’après les premières remontées de l’audit mené au sein du rectorat de Versailles, «d’autres courriers de ce type» avaient été envoyés à «plusieurs» autres familles.

«Faire la transparence»

«Pour le ministre, les choses sont claires: il s’agit de faire la transparence sur l’ampleur de cette pratique, d’y mettre un terme, et d’en tirer toutes les conséquences», précise son communiqué. «On appelle ces lettres des courriers de réprobation», explique de son côté une source proche du dossier. «Ils peuvent être, ou non, envoyés par les services de l’académie lorsqu’un personnel se sent menacé et demande la protection fonctionnelle. Ce sont des cas très spécifiques ; ce n’est pas activé à chaque fois qu’il y a un conflit avec une famille.»

Par ailleurs, plusieurs membres du personnel du rectorat de Versailles ont déposé plainte après avoir reçu des menaces, notamment de mort, à la suite de la publication de la lettre envoyée aux parents de Nicolas. Le recteur a également porté plainte au nom de l’institution. Dans cette «affaire dans l’affaire», le parquet de Versailles s’est dessaisi au profit du pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH), rattaché au parquet de Paris. Tous les personnels menacés ont par ailleurs eu accès à la protection fonctionnelle.

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169 commentaires
  • Anonyme

    le

    L'ex directrice (elle serait partie dans le privé) doit être poursuivie pour harcèlement et menaces.

  • Cloclclo

    le

    Une évidemment quand on fait une co...rie c'est toujours de la faute des autres mais à voir son visage ce n'est pas une femme avec beaucoup empathie

  • Philomène

    le

    A quoi servent les associations de parents d'élèves ? Face à ces problèmes, elles pourraient faire tellement...

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