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L'inquiétude autour de Credit Suisse monte encore d'un cran

Lundi, l'action du numéro deux du secteur bancaire helvétique a chuté de près de 11,5% dans les premiers échanges.
Lundi, l'action du numéro deux du secteur bancaire helvétique a chuté de près de 11,5% dans les premiers échanges. ARND WIEGMANN / REUTERS

L'inquiétude monte encore d'un cran autour de Credit Suisse au point que des interrogations autour d'un éventuel «moment Lehman Brothers» fusent, même si les spécialistes écartent ce scénario pour cette banque trop grosse pour faire faillite. Lundi, l'action du numéro deux du secteur bancaire helvétique a chuté de près de 11,5% dans les premiers échanges, atteignant un nouveau point bas historique à 3,518 francs suisses après une nouvelle salve de rumeurs pendant le week-end. Le titre a finalement clôturé en baisse d'un peu moins de 1%, à 3,94 CHF.

La Banque d'Angleterre serait en contact avec les autorités suisses pour surveiller la banque, a affirmé le Telegraph dans son édition dominicale et les dirigeants de la banque auraient passé le week-end à tenter de rassurer les clients et investisseurs, a de son côté rapporté le Financial Times. Depuis bientôt trois semaines, le cours de son action enfonce point bas sur point bas alors que rumeurs fusent à l'approche d'un bilan sur sa stratégie. Considéré comme un spécialiste des restructurations, son nouveau directeur général, Ulrich Körner, s'est vu confier début août la lourde tâche de mener une revue stratégique pour redresser la banque sur laquelle il doit faire le point le 27 octobre.

Mais la semaine passée, les contrats d'échange sur risque de crédit (ou «credit default swaps») ont bondi. Ces produits dérivés servent aux investisseurs à se protéger contre les risques de non-remboursement d'une dette, leur hausse signifiant que les investisseurs demandent davantage de garanties pour les obligations liées à Credit Suisse.

Les coûts pour se prémunir contre des risques de défaut à un horizon de cinq ans ont grimpé à leur plus haut niveau jamais atteint, à 293 points de base contre 55 en début d'année, a noté Bloomberg News, qui précise que la banque est «loin» d'être en situation de détresse, cette hausse signifiant toutefois que la perception de la banque en termes de solvabilité «se détériore».

Rachat ou sauvetage par le gouvernement

Sur les réseaux sociaux, les discussions autour d'un «moment Lehman Brothers», en référence à la banque américaine qui avait fait faillite en 2008 et marqué le déclenchement de la grande crise financière, se sont répandues comme une traînée de poudre, même si de nombreux observateurs dans le monde de la finance écartent ce risque. «Est-ce possible?», s'est interrogée Ipek Ozkardeskaya, analyste à Swissquote, dans une note de marché. «Oui, c'est possible, mais hautement improbable», a-t-elle tranché.

Credit Suisse fait partie des banques trop grosses pour faire faillite qui ont dû mettre beaucoup plus de capitaux de côté depuis la faillite de Lehman Brothers afin de pouvoir tenir le choc en cas de crise sans secouer le reste du secteur bancaire.

L'analyste envisage donc trois scénarios : soit la banque connaît un «miracle» grâce à son nouveau directeur général qui la renforce «comme promis», ce qui lui permet de survivre et prospérer «jusqu'au prochain scandale», soit elle devient «une jolie cible d'acquisition pour une autre banque», soit elle est «sauvée par le gouvernement suisse».

«Gagner du temps»

Interrogé sur le risque que Crédit Suisse suive une voie similaire à celle de Lehman Brothers, Gary Gensler, le patron de la Security and Exchange Commission, le gendarme des marchés financiers américains, n'a pas souhaité faire de commentaire. Contactée par l'AFP, la Finma, son homologue suisse, s'est également abstenue de tout commentaire. Jusqu'à présent, la banque n'a rien laissé filtrer sur ses projets avant la mise au point du 27 octobre. Elle a simplement indiqué que sa revue stratégique incluait d'éventuelles cessions d'actifs.

«Des cessions d'actifs ne seraient qu'une solution partielle», estiment cependant les analystes de Jefferies. Credit Suisse serait «un vendeur forcé», au risque de peser sur les prix obtenus et même si des cessions feraient entrer des capitaux, elles risqueraient de diminuer les revenus futurs de la banque, argumentent-ils.

Mais elles permettraient de «gagner du temps jusqu'à ce que l'action se redresse et que les perspectives s'améliorent», une augmentation de capital devenant alors «plus acceptable», soupèsent-ils. Vendredi, le directeur général de la banque a à nouveau écrit à ses employés pour tenter de les rassurer, insistant sur le fait que la banque disposait d'une «solide base de capitaux et de liquidités».

À VOIR AUSSI - «Nous sommes peut-être au bord d'une récession mondiale provoquée par les politiques» économiques, dit l'ONU

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