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Loi Alimentation : «un chèque en blanc» à la distribution (UFC-Que Choisir)

Votée l'an dernier, la loi Alimentation, et notamment le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), a conduit à signer un «chèque en blanc de 1,6 milliard d'euros à la grande distribution», dénoncent vendredi l'UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne.

«Alors que la hausse de 10% du SRP inflige aux consommateurs une inflation qui devrait représenter selon nos calculs 1,6 milliard d'euros sur deux ans, le rééquilibrage des négociations commerciales tant attendu par les agriculteurs et promu par la loi (issue des Etats généraux de l'alimentation, ndlr) n'a pas eu lieu», estiment les deux organismes. «La grande distribution et l'industrie continuent d'imposer des prix agricoles en dessous des prix de revient à de nombreuses filières», affirment l'association de consommateurs et le syndicat agricole dans un communiqué commun.

L'UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne, «refusant tout à la fois cet inadmissible chèque en blanc des consommateurs à la grande distribution et le chèque en bois reçu par les agriculteurs», demandent au gouvernement l'abandon «immédiat» du relèvement du SRP et l'instauration d'un «véritable rééquilibrage» des négociations en faveur des acteurs agricoles.

Guerre des prix

Votée l'an dernier, la loi Egalim (ou loi Alimentation) doit permettre de sortir d'un effet domino intenable: la guerre des prix entre les quatre grands de la distribution en France les pousse à réclamer des tarifs toujours plus bas auprès de leurs fournisseurs de l'industrie agroalimentaire, qui eux-mêmes achètent à leur tour le moins cher possible la matière première agricole auprès des paysans, en bout de chaîne.

L'une de ses dispositions phare, le relèvement du SRP, prévoit qu'un produit alimentaire devra être revendu au moins 10% plus cher que le prix auquel il a été acheté. Sur la base «d'une étude de prix réalisée sur la totalité des magasins des grandes enseignes», en analysant les relevés tarifaires du cabinet Nielsen pondérés par les volumes de ventes du panéliste IRI, les prix alimentaires ont subi lors de l'entrée en vigueur de la mesure (au 1er février 2019, ndlr) une «brutale augmentation» de plus de 0,83% en un mois seulement.

Par ailleurs, ajoute le communiqué, au lieu de modérer leurs marges, comme ils l'avaient promis «en contrepartie de la hausse du SRP», les industriels et la grande distribution n'ont pas tenu leur promesse. Selon le communiqué, «pour le lait UHT, alors que depuis 2017 le prix revenant à l'éleveur a diminué de 5%, la marge des distributeurs a au contraire augmenté de 8%».

Enfin, l'UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne dénoncent le non-respect de la prise en compte du prix de revient pour l'agriculteur pour fixer celui à l'achat, qui était l'une des promesses de la loi : «ainsi, le lait de vache est acheté 15% en dessous du prix de production et la viande 14%».

Loi Alimentation : «un chèque en blanc» à la distribution (UFC-Que Choisir)

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20 commentaires
  • Fifi58

    le

    Voici ce que j'écrivais lors du vote de la loi :
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    Ça va nous coûter chaud, cette plaisanterie inventée par des technocrates qui n'ont visiblement jamais négocié le moindre contrat entre un petit producteur et un acheteur beaucoup plus gros !
    La grande distribution vont se mettre les 10% dans la poche, ils y seront obligés par la loi.
    Mais comme ils continueront à vouloir baisser les prix pour gagner des clients, concurrence oblige, ce sera... les producteurs qui trinqueront.
    Le résultat sera quelque chose comme :
    - prix consommateur = plus 4 à 6%
    - prix producteur = moins 4 à 6%"
    Les seuls qui vont y gagner, ce sont les distributeurs et... l'État car toute hausse de prix artificielle conduit à une hausse de la TVA et des impôts sur les sociétés.
    ---
    Rien à ajouter, le résultat est conforme aux prévisions.
    Dès que l'État s'occupe de réglementer les prix à la consommation, le résultat est garanti, c'est une catastrophe pour les consommateurs.

  • dijonnais

    le

    Je ne savais pas que le prix de production du lait était le même dans toutes les exploitations.. tu as 200 vaches en Normandie ou 4 dans le Cantal, le coût est le même... c’est comment dire... pas très crédible.

  • Gourou 51

    le

    A priori cela ne choque pas la FNSEA. Elle préfère se battre pour le maintien des pesticides ! Il suffit de reprendre les débats de cette loi à l'AN. L'opposition avait prédit que les distributeurs en sortiraient gagnants.

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