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Bébés malformés : quand la confusion est entretenue entre des affaires distinctes

LE VRAI DU FAUX - Le député écologiste Yannick Jadot a affirmé cette semaine sur LCI qu'un "faisceau de présomption nous dit que les pesticides sont à l’origine de ces malformations [des bébés de l’Ain]. Il y a même eu des cas sur les veaux! C’est un scandale d’État". C'est faux.

Géraldine Woessner , Mis à jour le
Yannick Jadot a affirmé que des pesticides pouvaient être à l'origine de plusieurs malformations dans l'Ain.
Yannick Jadot a affirmé que des pesticides pouvaient être à l'origine de plusieurs malformations dans l'Ain. © Sipa

Depuis sa révélation par la responsable du registre des malformations de l’Ain (Remera), l’affaire dite des "bébés sans bras" fait beaucoup parler. Entre 2009 et 2014, sept enfants sont nés sans bras ou sans main dans une zone agricole de 900 km2 du département. L’incidence serait 58 fois supérieure à la normale. Mais la méthode statistique employée (la méthode Kulldorff) est contestée : elle consiste à balayer la région d’étude avec une fenêtre circulaire, la statistique étant fondée sur le rapport de vraisemblances observé pour chaque cercle (le risque à l’intérieur du cercle est supérieur à celui à l’extérieur). Le problème, c’est qu’elle suppose une parfaite homogénéité des risques… Santé Publique France a donc refait les calculs, en comparant les taux d’incidence sur une période donnée, et a établi que la prévalence de telles anomalies était de 1,7 cas pour 10 000 naissances, soit… Exactement le taux observé dans les communes concernées.

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Aucun cas suspect sur des veaux

Chaque méthode étant imparfaite, des études de terrain ont été conduites, mais n’ont permis de déceler aucune explication commune. Et contrairement à ce qu’affirme Yannick Jadot, aucun cas suspect n’a été constaté sur des veaux : le rapport de la Remera situe par erreur dans sa zone de recherche un signalement effectué par une vétérinaire de Chalamont, Pascale Écorce, qui corrige : "ces animaux venaient en fait d’une zone beaucoup plus éloignée, et ils n’ont soulevé aucune suspicion." Si les budgets du registre ont été suspendus, c’est en raison du refus "récurrent", confirment plusieurs sources, de ses responsables de "publier leurs comptes". En clair, concernant les cas de l’Ain, on ne peut parler de scandale d’État : il n’y a pas d’affaire du tout.

Lire aussi - Alimentation : 5 façons de se passer des pesticides

La situation est très différente pour les autres malformations, repérées en Loire-Atlantique (3 cas en 2006-2008) et dans le Morbihan (4 cas en 2011-2013.) Localisés dans deux uniques communes, ces cas sont statistiquement anormaux… Mais leurs possibles causes demeurent un mystère. Si 3 mères sur 4, dans le Morbihan, résidaient près de cultures céréalières, elles ont aussi effectué des travaux de peinture, sans pouvoir se souvenir des produits employés. Une enquête devra être conduite, mais un problème d’exposition chronique parait peu probable : aucun cas de malformation n’a été recensé dans ces régions depuis 2013.

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