La Poste aura acheminé, en 2020, 2 milliards de lettres de moins qu’en 2019. La crise sanitaire, en donnant un coup de frein brutal aux volumes de plis échangés, a placé l’établissement dans une situation périlleuse. N’étant plus en mesure d’assumer seul l’écroulement de son activité courrier, l’opérateur se tourne désormais vers le gouvernement, pour remettre à plat le financement des missions de service public qui lui ont été déléguées.
Le groupe public assure en effet quatre missions pour le compte de l’Etat : l’aménagement du territoire, avec l’obligation de maintenir un réseau d’au moins 17 000 points de contact répartis dans l’Hexagone ; la distribution de la presse à des tarifs préférentiels ; l’accessibilité bancaire en offrant un accès gratuit et universel au livret A et le service universel postal (levée et distribution de l’essentiel du courrier tous les jours ouvrables, prix abordables…). Les trois premières ont toujours donné lieu à des compensations partielles, accordées par l’Etat (exonérations d’impôts locaux, surrémunération du livret A, dotation budgétaire). Jusqu’en 2017, le service universel postal est resté quant à lui bénéficiaire, avant de devenir lourdement déficitaire.
Dans un document de travail interne, La Poste souligne que l’« enjeu financier » est aujourd’hui « majeur ». En 2019, le déficit global de ces missions de service public atteignait, après les compensations de l’Etat, plus de 800 millions d’euros. En 2020, il devrait exploser à 1,8 milliard d’euros et rester à des niveaux très élevés dans les prochaines années. « Malgré des efforts maximaux, le déficit annuel du service universel projeté à 2025 serait de l’ordre de 1 milliard d’euros par an », indique le document, ajoutant qu’« aucun dispositif opérant de compensation n’est en place ». La Banque Postale et Geopost (colis express), filiales du groupe, restent bénéficiaires, mais « La Poste-maison mère perd massivement de l’argent. Si rien n’est fait, le modèle postal est en péril », explique-t-on dans l’entourage de l’opérateur.
Possible allègement de ses missions
En décembre dernier, La Poste a donc entamé des discussions avec l’Etat afin d’obtenir une juste compensation de ses missions de service public, à l’image de ce que reçoivent la SNCF, les industries gazières et électriques ou même Orange. Les exigences de l’opérateur postal s’élèveraient, selon nos informations, à plus d’un milliard d’euros par an.
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