- « On a décidé de mettre l’agriculture au-dessus de tout », a affirmé vendredi le premier ministre, Gabriel Attal, en réponse à la colère du secteur. « Aujourd’hui, c’est un jour du sursaut », « un nouveau chapitre qu’il faut ouvrir pour l’agriculture française », a insisté le chef du gouvernement lors d’un déplacement dans une exploitation de Haute-Garonne.
- M. Attal a notamment annoncé l’annulation de la hausse, pourtant actée dans le budget 2024, de la taxe sur le gazole non routier agricole, qui devait augmenter progressivement jusqu’en 2030.
- Autre sujet sensible, la bonne application des lois EGalim, qui visent à protéger les revenus des agriculteurs dans le cadre des négociations avec les industriels et les supermarchés. « Dans les prochains jours », le gouvernement va « sanctionner très lourdement » trois entreprises qui ne respectent pas ces lois, a déclaré le premier ministre.
- M. Attal a aussi promis un « choc de simplification » administrative avec « dix mesures de simplification immédiates ». Il a cité les « curages des cours d’eau agricole » et « les délais de recours contre les projets agricoles ».
- Le chef du gouvernement a également annoncé un effort pour la rapidité des aides d’urgences, en particulier pour la maladie hémorragique épizootique (MHE), pour laquelle le remboursement par l’Etat des soins vétérinaires passe de 80 % à 90 %.
- Par ailleurs, la France « s’oppose à la signature » de l’accord commercial controversé entre l’Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, a assuré M. Attal. Le Mercosur et l’UE négocient depuis des années cet accord qui achoppe sur des questions environnementales, que les agriculteurs français dénoncent pour le risque de concurrence déloyale de produits sud-américains qu’il comporte.
- Ces annonces surviennent alors que les agriculteurs font monter la pression sur l’exécutif : l’accès à Paris était perturbé vendredi, et des autoroutes toujours bloquées. Des opérations escargot sont organisées partout, en Bretagne, en Aquitaine, en Rhône-Alpes. A Narbonne, un bâtiment de la Mutualité sociale agricole (MSA), évacué par précaution jeudi, a été incendié vendredi en marge d’une manifestation d’agriculteurs.
- « Nous avons pris la décision de poursuivre cette mobilisation », a réagi vendredi soir le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. « Les annonces du premier ministre ne répondent pas à l’ensemble des questions que nous nous posons », a-t-il poursuivi.
- L’éleveur occitan Jérôme Bayle, initiateur du premier barrage et devenu une figure de la contestation, a annoncé pour sa part que le barrage de Carbonne (Haute-Garonne) sur l’A64 serait levé d’ici samedi midi.
- Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, considère que les annonces du premier ministre sont « très largement » insuffisantes.
- La députée EELV Sandrine Rousseau a estimé que « ce n’est pas les annonces qui viennent d’être faites [par Gabriel Attal] qui vont diminuer le taux de suicide chez les agriculteurs ». Pour la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, « ceux qui nourrissent le pays doivent pouvoir vivre de leur travail ». Le Rassemblement national dénonce des « mesurettes insuffisantes » qui « ne répondent ni aux enjeux ni aux attentes »
- Au début de la mobilisation, une agricultrice de 35 ans a été tuée mardi et sa fille, âgée de 12 ans, a succombé à ses blessures dans la soirée. Le père de famille a été grièvement blessé. Tous trois avaient été renversés à l’aube à un barrage routier d’agriculteurs dans l’Ariège. « Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel », a relevé le parquet.
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