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« Décarboner vraiment, c’est rompre avec les libertés individuelles, voire avec le pacte démocratique »

L’historienne Frédérique Laget se demande si les gouvernements des principaux pays ont encore les moyens de limiter le dérèglement climatique.

Publié le 03 septembre 2021 à 06h00, modifié le 03 septembre 2021 à 14h59 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, lundi 9 août, un premier volet extrêmement pessimiste de son sixième rapport d’évaluation. Dans ce contexte, opposants politiques et citoyens impliqués n’ont pas manqué de rappeler au chef de l’Etat sa timidité en matière environnementale, sans oublier la décision récente du Conseil d’Etat, condamnant les pouvoirs publics à une amende de 10 millions d’euros pour ne pas avoir lutté efficacement contre la pollution atmosphérique.

Pourquoi les gouvernements – non seulement le nôtre, mais ses homologues également – n’agissent-ils pas plus frontalement contre le dérèglement climatique, dont nous savons tous aujourd’hui le degré de dangerosité et de déstabilisation profonde qu’il entraînera dans le monde ? De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la soumission des gouvernants aux « lobbys », aux « industriels » et aux « puissants », ce qui n’est évidemment pas faux, mais qui reste une réponse simpliste.

Quel que soit son bord politique, le nœud du problème pour l’Etat est triple : d’abord, il lui faudrait prendre, pour décarboner l’économie, des mesures extrêmement dures, voire liberticides ; on pourrait évoquer une « économie de guerre » ; ensuite, il ne peut agir seul dans ce domaine, il faut nécessairement une coordination à l’échelle mondiale ; enfin, il lui faut lutter contre l’atomisation croissante des sociétés, où les intérêts particuliers tendent à empiéter sur l’intérêt commun qui présiderait à de telles mesures.

Comment, concrètement, décarboner l’économie française, si nous restons à l’échelle de notre pays ? Bien sûr, la question pourrait ne pas se poser en ces termes, puisque ce mouvement devrait s’accompagner dans un proche avenir des entreprises de captation de CO2, que le GIEC évoquera dans le second volet de son rapport.

Interdictions et obligations

Envisageons toutefois la décarbonation seule. L’objectif pour la France serait d’atteindre une empreinte carbone par habitant de 3,7 tonnes de CO2e (équivalent CO2) en 2030, soit le tiers de ce qu’elle était en 2017.

Pour ce faire, les mesures à prendre toucheraient aussi bien le bâtiment (résidentiel ou tertiaire) que les mobilités, l’agriculture, l’énergie, la consommation ou encore l’aménagement du territoire.

Il faudrait que l’Etat prenne, pour décarboner l’économie, des mesures extrêmement dures, voire liberticides

Elles concerneraient la vie quotidienne de chacun d’entre nous : augmentation du renouvellement des équipements de chauffage, interdiction de construction de nouvelles maisons individuelles (toute construction neuve étant réservée à l’habitat collectif), mise en place d’un couvre-feu thermique dès 2025, interdiction des voitures thermiques dans les centres urbains dès 2024 (les villes devenant dédiées au vélo et aux transports en commun), limitation généralisée des températures dans les logements et les bureaux, obligation pour toute parcelle de jardin de devenir productive, fin de l’artificialisation des sols, interdiction de tout vol hors Europe non justifié (donc de confort ou non nécessaire), division par trois du flux vidéo consommé (moins de vidéos en ligne, jeux vidéo, réseaux sociaux), limitation à 1 kg du nombre de vêtements neufs mis sur le marché par personne et par an (contre 40 kg en 2017), limitation drastique de la consommation de viande, instauration de quotas sur les produits importés (chocolat, café, thé…), et bien entendu, reconversions et créations massives de nouveaux emplois.

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