Le conservateur Petteri Orpo a officiellement succédé, mardi 20 juin, à Sanna Marin, ex-première ministre sociale-démocrate défaite, lors des élections législatives du 2 avril en Finlande. Son gouvernement se compose de quatre partis : la Coalition nationale (qu’il préside depuis 2016), les Vrais Finlandais (extrême droite), le Parti populaire suédois et les chrétiens-démocrates. Or, à peine nommé, le voilà déjà obligé de gérer les polémiques suscitées par la prise de fonction à des postes-clés de plusieurs personnalités d’extrême droite très controversées.
A commencer par le député des Vrais Finlandais Vilhelm Junnila, désigné ministre de l’économie et soupçonné d’avoir des liens avec l’ultradroite. Les médias finlandais ont ressorti le discours qu’il avait tenu en début d’année, avant les élections législatives, où il félicitait le candidat de son parti figurant à la 88e place sur la liste des Vrai Finlandais : un nombre qui « fait référence bien évidemment aux deux lettres H », avait-il alors déclaré dans une allusion non dissimulée à l’abréviation de « Heil Hitler », utilisé par la mouvance néonazie.
Le même Vilhelm Junnila s’était exprimé lors d’un rassemblement de militants de l’ultradroite finlandaise en 2019, parmi lesquels se trouvaient des membres de l’organisation néonazie NMR (Mouvement de la résistance nordique), dont l’interdiction a été confirmée par la Cour suprême à Helsinki en 2020.
« Une menace »
Dans un premier message publié jeudi 22 juin sur Facebook, le ministre a évoqué « une erreur » et « présenté [ses] excuses ». Il a justifié ses propos, concernant le nombre 88, par sa tendance à « blaguer d’une façon qui maintenant semble stupide et puérile ». Doutant visiblement que ses excuses suffisent, il s’est fendu d’un second message, cinq heures plus tard, pour « condamner fortement et avec détermination l’Holocauste, l’antisémitisme et tous les actes antisémites ».
Venu présenter le programme de sa coalition devant le Parlement, le même jour, le premier ministre, Petteri Orpo, a été interpellé par un député social-démocrate lui reprochant son « silence ». Le leader conservateur a assuré que la Finlande continuerait de « défendre l’Etat de droit et l’égalité » et affirmé que son gouvernement n’acceptait « ni l’extrémisme, ni le nazisme, ni le stalinisme ».
A quelques mètres de lui, pourtant, tout en haut du perchoir, siège pour la première fois Jussi Halla-aho, tout juste élu, la veille, à la présidence du Parlement finlandais par une majorité des députés, dont ceux du Parti de la coalition nationale. Le même homme avec lequel M. Orpo, alors ministre des finances, avait refusé de collaborer quand il avait été élu à la tête des Vrais Finlandais en 2017, le considérant comme « une menace pour les droits de l’homme et l’Etat de droit ».
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