Dieudonné n’est plus sur YouTube. Condamné à plusieurs reprises pour des propos négationnistes et antisémites, il a vu sa chaîne intitulée « iamdieudo4 » disparaître, lundi 29 juin. Cette chaîne comptait plus de 550 vidéos et plus de 450 000 abonnés. Contacté par Le Monde, YouTube confirme avoir procédé à sa suppression « suite à des enfreintes répétées à notre règlement de la communauté YouTube ».
Ce n’est pas la seule chaîne problématique à avoir disparu ces dernières heures. Celles du néonazi Richard Spencer, de l’ancien leader du Ku Klux Klan David Duke ont ainsi également été supprimées. YouTube précise avoir « renforcé ses règlements sur les discours haineux en juin de l’année dernière » et avoir procédé ces dernières heures à la fermeture de plusieurs chaînes de figures du suprémacisme blanc aux Etats-Unis.
Contacté par Le Monde, YouTube affirme que ces fermetures ne sont pas concomitantes, mais qu’elles sont le résultat du renforcement de son règlement datant de juin 2019. YouTube explique ainsi qu’il ne s’agit donc pas de trois cas isolés, et que 25 000 chaînes ont été supprimées depuis cette mise à jour. La plate-forme détenue par Google précise que si Dieudonné ne pourra plus revenir sur la plate-forme avec un compte à son nom, des vidéos dans lesquelles il figure pourront toujours être visibles si elles n’enfreignent pas les règlements.
Dieudonné publiait une vidéo quotidiennement dont le nombre de vues « pouvait dépasser facilement les 150 000 vues en vingt-quatre heures », rappelle Numerama. Surtout, « le nombre de vues sur ses vidéos était en forte hausse depuis le mois de février 2020, passant de 2,5 millions de vues cumulées à 7,5 millions en mai 2020 ». Le site ajoute :
« Dans plusieurs de ces vidéos, nous avions repéré de nombreuses accusations antisémites, parlant notamment de “haine hystérique juive” ou lançant des phrases, comme “Jésus est venu nous libérer des escrocs du Temple.” La grande majorité, à la fois des commentaires et des vidéos de Dieudonné, parvenait à surfer sur la “limite” des règles de YouTube — le polémiste lançait parfois des sourires à la caméra en rajoutant un “pas d’incitation à la haine, bien sûr.” »
Une première suppression en 2014
En 2014, YouTube avait déjà supprimé sa chaîne suivie par 33 000 personnes après une vidéo sur la décapitation du journaliste James Foley. YouTube avait alors avancé des « cas graves ou répétés de non-respect du règlement de la communauté et/ou des réclamations pour atteinte aux droits d’auteur », pour justifier sa décision.
Quelques mois plus tard, Dieudonné avait cependant pu faire son retour sur la plate-forme détenue par Google avec une nouvelle chaîne, « iamdieudo4 », qui vient donc d’être bannie. Contacté, YouTube précise que la création de ce deuxième espace de Dieudonné était antérieur à la suppression du premier et qu’à l’époque cette chaîne n’enfreignait pas les conditions d’utilisation.
Plusieurs organisations se sont félicitées de la décision prise par YouTube. Sur Twitter, la Licra célèbre « un petit pas pour les réseaux sociaux mais un grand pas pour l’universalisme ».
De son côté, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), régulièrement prise pour cible par Dieudonné, déclare que « cette fermeture fait suite à l’action de l’UEJF et de ses partenaires antiracistes qui combattent depuis des années, au jour le jour, la propagation des idées racistes, antisémites et négationnistes du pseudo humoriste. Pour rappel, ce sont, ces derniers mois, des dizaines de vidéos antisémites, diffamatoires et menaçant directement l’UEJF et ses militants que nous avions signalées à YouTube ».
Dieudonné a pris acte de cette suppression, mais assure qu’elle est due « à des pressions israéliennes », en mettant sous son message une capture d’écran du tweet de l’UEJF, une association française. Les pages Facebook et Twitter de Dieudonné sont, elles, toujours en ligne.
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