François Bayrou et Marielle de Sarnez ont été entendus sous le régime de l’audition libre, mercredi 11 septembre, par la police judiciaire, dans le cadre de l’affaire des emplois présumés fictifs des assistants d’europarlementaires MoDem. Sylvie Goulard, ex-eurodéputée et nouvelle commissaire européenne française, avait été entendue la veille dans le cadre de la même affaire.
L’audition par la police judiciaire du président du parti centriste, commencée mercredi matin, s’est terminée en fin de soirée. « On a pu apporter toutes les explications nécessaires sur tous les dossiers qui ont été évoqués. Ça a pris un peu de temps, mais enfin on a pu faire valoir les preuves, parce que les preuves existent que tout ça était un mensonge », a indiqué M. Bayrou sur BFM-TV. En revanche, l’audition de Marielle de Sarnez se poursuivait ce jeudi.
Le MoDem de François Bayrou fait l’objet d’investigations de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) depuis l’ouverture, en juin 2017, à Paris, d’une enquête pour « abus de confiance ». Cette annonce avait provoqué la démission des trois ministres centristes du premier gouvernement d’Edouard Philippe : Sylvie Goulard (armées), Marielle de Sarnez (affaires européennes) et François Bayrou (justice). Le dossier a, depuis, été élargi aux chefs d’« escroquerie » et de « détournement de fonds publics », et confié à des juges d’instruction du pôle financier.
Comptes du parti au plus mal
Depuis deux ans, les enquêteurs s’efforcent de savoir si le budget alloué par Bruxelles à ses parlementaires a bel et bien été utilisé dans le cadre de leur mandat européen, et non pas, comme ils le soupçonnent, pour financer une partie des emplois des salariés du parti à une période où les comptes de celui-ci étaient au plus mal.
La ligne de défense de M. Bayrou, qui a toujours contesté ces accusations, avait été fragilisée après que Le Point a révélé que Sylvie Goulard avait remboursé au Parlement européen la somme de 45 000 euros correspondant aux salaires de son assistant parlementaire européen Stéphane Thérou de juillet 2014 au 28 février 2015. Le signe, bien qu’elle s’en défende, qu’elle a finalement considéré que ces sommes étaient indues.
Le cas de Marielle de Sarnez apparaît comme le plus problématique. Les policiers s’intéressent notamment au témoignage de Karine Aouadj, l’assistante personnelle de François Bayrou, qui, entre 2010 et 2015, fut en partie rémunérée comme assistante parlementaire de Marielle de Sarnez, alors élue à Strasbourg. Mme Aouadj a expliqué durant l’été 2017 avoir été, en réalité, « la gouvernante » de Mme de Sarnez.
Si M. Bayrou s’est dit content du déroulement de sa longue journée dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre, il ne peut cependant être exclu qu’il soit ultérieurement convoqué par le juge d’instruction, tout comme l’ancienne eurodéputée Marielle de Sarnez, aux fins d’un placement sous le statut de témoin assisté, voire de mis en examen.
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