Vingt-deux jours. Cela fait vingt-deux jours qu’Emmanuel Macron a été réélu à l’Elysée, lors du second tour de l’élection présidentielle, dimanche 24 avril. Pourtant, depuis, le temps semble suspendu, avec l’impression que le second quinquennat n’a pas vraiment démarré. En cause : l’attente interminable du remaniement gouvernemental, tant le chef de l’Etat prend son temps pour dévoiler le nom de son prochain premier ministre, en remplacement de Jean Castex, sur le point de quitter Matignon. « L’aventure de la politique nationale est terminée », a confié au Monde, le 13 mai, celui qui a déjà préparé sa lettre de démission.
Un délai qui suscite l’impatience au sein de la majorité, de la part de plusieurs candidats aux législatives désireux de lancer vraiment leur campagne. Et des ministres, curieux de savoir s’ils seront – ou non – reconduits. Mais aussi des interrogations, dans les rangs macronistes comme dans ceux de l’opposition, sur les causes de l’indécision du chef de l’Etat. Et sur son absence, en ce début de mandat. « Mais que fait-il ? On ne le voit pas. Il n’est pas là », s’étonne le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon. « On a l’impression qu’Emmanuel Macron, lui-même, ne sait pas quelle direction donner à son quinquennat après une campagne où il n’a pas présenté de projet, pour ménager la chèvre et le chou », abonde le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Julien Bayou.
« Toute cette perte de temps est difficile à comprendre pour les Français », a affirmé le maire Les Républicains (LR) de Meaux, Jean-François Copé, le 8 mai, sur Franceinfo, en dénonçant un « climat d’impréparation », et un « contraste entre cette espèce de période où il ne se passe rien du tout et en même temps l’urgence des sujets », comme la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat, la sécurité ou la réforme des retraites.
« Fiche de poste » compliquée à satisfaire
Signe d’une certaine fébrilité ? Le site Internet du gouvernement avait affiché par erreur samedi matin une page annonçant la démission du gouvernement Castex ; « en raison de problèmes techniques », a expliqué Matignon. Comme si la nomination d’un nouveau premier ministre, qui était censée être une arme pour le président de la République afin d’insuffler une nouvelle dynamique, devenait peu à peu un problème politique.
Un retard à l’allumage, qui tient à la difficulté de trouver le profil idéal, tant la « fiche de poste » dessinée par Emmanuel Macron, en quête d’un chef de gouvernement « attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive », se révèle compliquée à satisfaire entièrement. Un visage incarnant à la fois le « renouvellement » et en même temps « quelqu’un de solide, capable de faire un 20 heures devant 15 millions de téléspectateurs et de tenir dans le chaudron de l’Assemblée, lors des questions au gouvernement », dixit l’entourage du chef de l’Etat. Avec une sensibilité écologiste affirmée, car Emmanuel Macron a promis de nommer un « premier ministre chargé de la planification écologique ».
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