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« Fractures françaises » : un pays où progressent le déclinisme, la colère et l’attrait pour l’extrême droite

La onzième vague de l’enquête annuelle, réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour « Le Monde », la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne, révèle une montée du sentiment de déclin dans toutes les catégories de la population.

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Publié le 09 octobre 2023 à 18h00, modifié le 10 octobre 2023 à 08h17

Temps de Lecture 4 min.

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Manifestation contre la réforme des retraites, à Lyon, le 6 juin 2023.

En 1897, Anatole France mettait en scène un dialogue fameux entre un républicain et un abbé que l’on rangerait aujourd’hui parmi les déclinistes. « Je soupçonne les hommes d’avoir, de tout temps, beaucoup exagéré les nécessités du gouvernement et les bienfaits d’un pouvoir fort », fait-il dire au héros, dans L’Orme du mail, pour défendre le régime démocratique en cette fin de siècle où bout le nationalisme.

En 2023, le sentiment de déclin et l’attrait pour « un pouvoir fort » imprègnent une France marquée par le retour historique de l’inflation, où l’extrême droite, institutionnalisée, exerce toujours davantage sa force d’attraction.

La onzième vague de l’étude « Fractures françaises », réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et l’Institut Montaigne, offre le tableau préoccupant d’une société à l’humeur sombre. Jamais, depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, autant de Français interrogés n’ont considéré que le pays était en déclin (82 %) – un bond de 7 points en un an. Ce pessimisme, loin d’être nouveau, rejoint un niveau comparable à celui de la fin du quinquennat de François Hollande (86 %), en 2016.

Plus inédit est le fait qu’un tiers des Français pense désormais que le déclin est irréversible, une proportion jamais égalée depuis le début des enquêtes « Fractures françaises ». Le noyau dur des déclinistes se compose d’un électeur sur deux de Marine Le Pen, mais inclut aussi des catégories qui, jusqu’ici, restaient plutôt optimistes : cadres (35 %), retraités (29 %).

« C’était mieux avant »

De même, la nostalgie reste forte dans un pays où fleurissent des débats sur l’uniforme scolaire ou le septennat présidentiel. Trois quarts des Français disent s’inspirer de plus en plus des « valeurs du passé » et pensent que « c’était mieux avant ». Cette poussée nostalgique est sans lien avec l’âge des interrogés et touche surtout les moins de 35 ans.

L’étude met ainsi à mal l’idée de trois France qui cohabitent – celle de la peur, celle de la colère et celle de l’optimisme –, à l’image de la tripartition de la vie politique. Il ressort plutôt deux sentiments collectifs dominants, colère et mécontentement, alors que seulement 4 % des personnes interrogées trouvent le pays satisfait ou apaisé.

Si la France mécontente reste majoritaire (51 %), le sentiment d’appartenir à une France en colère et contestataire progresse, lui, très fortement, quelques mois après la réforme des retraites et l’explosion de violences urbaines (de 31 % en 2021 à 45 % aujourd’hui). Cette colère monte dans tous les électorats et dans toutes les tranches d’âge, n’épargnant aucune catégorie socioprofessionnelle (58 % des ouvriers, 46 % des employés, 39 % des retraités, 41 % des cadres).

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