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La pollution automobile coûte plus de 60 milliards de frais de santé par an en Europe

Une étude indépendante estime pour la première fois le coût de la prise en charge des maladies associées au trafic routier. Le diesel compte pour 80%.

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Publié le 27 novembre 2018 à 00h00, modifié le 27 novembre 2018 à 08h50

Temps de Lecture 3 min.

Les trois quarts de ces coûts sont supportés par les Etats à travers le système d’assurance sociale, toujours selon l’étude commandé par l’Alliance européenne pour la santé publique.

Pour justifier la hausse du prix des carburants, en particulier celle du diesel, et rappeler l’impérieuse nécessité de sortir de la dépendance aux énergies fossiles, les élus de la majorité présidentielle, invités sur les plateaux de télévision pour commenter le mouvement des « gilets jaunes », partagent désormais tous le même élément de langage : la pollution tue chaque année en France 48 000 personnes. Au passage, ils oublient souvent de préciser qu’il s’agit de morts prématurées et que le trafic automobile n’est qu’une des sources, certes importante, de la pollution de l’air.

Une étude publiée mardi 27 novembre devrait leur fournir un nouvel argument, économique celui-là : les coûts de santé liés à la seule pollution automobile dépassent 60 milliards d’euros par an en Europe. Et ce sont les très toxiques oxydes d’azote (NOx) rejetés par les moteurs diesel qui en sont les principaux responsables. Par coûts de santé, on entend les frais liés à la prise en charge des nombreuses maladies (respiratoires et cardiovasculaires) associées aux NOx et autres particules fines recrachées par les pots d’échappement.

Commandé par l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA), ONG qui regroupe une centaine d’associations et de professionnels de la santé, ce rapport est le premier à tenter d’estimer les coûts sociaux générés par le trafic automobile et en particulier par les diesels.

Dans la foulée du scandale du « dieselgate »

Jusqu’ici, les rares données concernaient la pollution de l’air dans son ensemble. En 2015, dans la foulée du scandale du « dieselgate », une commission d’enquête sénatoriale avait ainsi évalué les coûts économiques (et pas seulement sanitaires) de la pollution de l’air à 100 milliards d’euros en France.

Menée par le centre de recherche indépendant néerlandais CE Delft, l’étude s’appuie sur les données récoltées en 2016 dans neuf pays de l’Union européenne aux parcs automobiles plus ou moins développés : Allemagne, Pologne, Espagne, Autriche, Hongrie, Slovénie, Bulgarie, Roumaine et Estonie. En se fondant sur la norme européenne de calcul des émissions de polluants des voitures (Copert), les chercheurs arrivent à la facture totale de 66,7 milliards d’euros de frais de santé. Les véhicules diesel représentent 83 % de ce montant.

Selon un rapport publié le 22 novembre par l’AEE, la part de véhicules électriques et hybrides n’a quasiment pas progressé entre 2016 et 2017, et reste très en deçà de l’objectif de 10 % fixé à l’horizon 2020.

Ils ont également effectué ce travail d’estimation à partir des mesures réalisées dans le cadre du projet TRUE (The Real Urban Emissions Initiative). Développé par le Conseil international pour un transport propre (ICCT), l’ONG à l’origine des révélations sur le « dieselgate », ce programme a permis d’enregistrer les niveaux de pollution, en condition de conduite réelle, de plus de 400 000 véhicules à travers l’Europe et de constater qu’ils étaient supérieurs à ceux obtenus à partir du référentiel en vigueur Copert. Selon cette méthodologie plus fine, la facture monte à 79,8 milliards d’euros, dont 75 % attribuables aux diesels.

La nécessité de changer le parc automobile

Les trois quarts de ses coûts sont supportés par les Etats à travers le système d’assurance sociale, toujours selon l’étude. Mais ils pourraient être sérieusement allégés si les gouvernements s’engageaient rapidement vers une sortie des moteurs thermiques. D’ici à 2030, ils pourraient chuter d’environ 80 % avec une généralisation des véhicules à faibles émissions.

Reste que la trajectoire actuelle du parc automobile européen n’en prend pas le chemin. Selon un rapport publié le 22 novembre par l’Agence européenne de l’environnement (AEE), la part de véhicules électriques et hybrides n’a quasiment pas progressé entre 2016 (7,1 %) et 2017 (7,2 %), et reste très en deçà de l’objectif de 10 % fixé à l’horizon 2020. Et si pour la première fois, en 2017, les ventes de voitures à essence (53 %) ont dépassé celle des diesels (45 %), cette motorisation reste prédominante en Europe (67 %).

Plus inquiétant, trois ans après le « dieselgate », le nombre de véhicules qui ne respectent pas les normes antipollution continue de croître. Selon les calculs de l’ONG Transport & Environment, environ 43 millions de véhicules émettant des niveaux de NOx au moins trois fois supérieurs aux normes sont toujours en circulation dans l’Union européenne. Avec 8 741 000 véhicules concernés, c’est la France la plus touchée devant l’Allemagne (8 208 000) et le Royaume-Uni (7 267 000).

La Commission européenne avait convié les Etats à une réunion ministérielle mardi 27 novembre pour les inciter à mettre la pression sur les constructeurs afin que ces derniers tirent enfin toutes les leçons du « dieselgate ». Le ministre allemand des transports, Andreas Scheuer, ayant décliné l’invitation, le sommet a été annulé et reporté à 2019.

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