Masques commandés en Chine, industriels mobilisés, stocks réquisitionnés… Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la pénurie d’équipements de protection du visage suscite la colère des soignants, et l’Etat a promis de tout faire pour y remédier. « D’ici à fin avril, nous aurons la capacité de produire environ 15 millions de masques par semaine », a assuré Emmanuel Macron, mardi 31 mars.
En attendant, dans les hôpitaux français, le manque de matériel reste chronique. Si la plupart ont effectivement reçu quelques lots de masques, le manque de visibilité sur les stocks et leur renouvellement conduit bien souvent les directions à distribuer avec parcimonie ces équipements.
« On est rationnés parce qu’il y avait un manque de masques initial et parce qu’il y a eu des vols, il n’y a plus une boîte devant chaque chambre comme avant, et le nombre de masques qui ne sont pas sous clé est minimal », raconte ainsi Thomas Gille, pneumologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis).
A l’hôpital de Creil dans l’Oise, l’un des premiers établissements à avoir accueilli des patients contaminés sur le territoire français, dès la mi-février, la situation s’est « un peu améliorée », relève Corinne Delys, secrétaire générale CGT. « On a eu beaucoup de dons d’entreprises de la région ou de particuliers en masques ou en surchemises, témoigne Mme Delys. L’expression est un peu cynique, mais revient souvent dans la bouche des collègues : on a l’impression qu’il y a un Téléthon pour l’hôpital. » Les dons ne se limitent pas au matériel de protection. « On nous offre aussi des cafetières, des micro-ondes. Autant de petites choses qui font du bien au moral. »
« Source de peur »
Dans le même département, à l’hôpital de Compiègne, les dons pallient provisoirement la pénurie de matériel. « On attend toujours les millions de masques qui doivent arriver de Chine, témoigne un représentant du personnel, qui souhaite conserver l’anonymat. On a encore des charlottes, des gants, des masques chirurgicaux, mais pas assez de masques FFP2. Même pour les soignants qui sont en contact permanent avec des patients atteints par le Covid-19, il n’y en a pas pour tout le monde. C’est une source d’inquiétude, de peur, pour le personnel qui ne travaille pas dans des conditions de sécurité satisfaisantes. »
Les directions hospitalières composent avec les moyens du bord. « La direction nous dit qu’elle n’est pas en capacité de nous fournir le nombre de masques nécessaires, à tel point qu’elle a décidé, depuis la fin de semaine dernière, de faire fabriquer 5 000 masques maison par des étudiants en médecine et en pharmacie », relate Benjamin Delrue, infirmier au CHU d’Angers.
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