Trois semaines après la décision de reconfiner les samedis et dimanches dans la région de Dunkerque et une partie des Alpes-Maritimes, il est encore difficile de savoir si la mesure donne des résultats face à la dynamique épidémique provoquée par la circulation du variant britannique, plus contagieux.
Jean Castex a estimé, jeudi 18 mars, que ces confinements appliqués depuis le 26 février au soir à la région de Dunkerque (250 000 habitants), ainsi qu’à la bande côtière des Alpes-Maritimes (un million d’habitants, 94 % de la population du département), ont eu « un effet réel », mais qu’ils étaient « insuffisants pour casser fortement la dynamique de l’épidémie qui s’accélère ».
La lecture des chiffres fait apparaître une baisse du taux d’incidence de la maladie dans les Alpes-Maritimes depuis presque quatre semaines, soit avant même le début de l’application de cette nouvelle mesure, mais il reste à un très haut niveau (447 nouveaux cas pour 100 000 habitants au 14 mars). Dans le Dunkerquois, le taux d’incidence a également chuté, passant de plus de 1 000 nouveaux cas pour 100 000 habitants, fin février, à 515 le 14 mars, la baisse coïncidant ici avec la temporalité du confinement partiel.
La circulation virale a donc diminué, mais il reste difficile d’attribuer ce constat uniquement à la mesure, car les vacances scolaires ont aussi probablement joué un rôle. « C’est une composition de deux événements qui jouent en même temps vers un ralentissement de l’épidémie. Distinguer les deux est très complexe d’un point de vue statistique. On attend donc de voir comment la courbe des hospitalisations va évoluer après qu’on est sortis des vacances scolaires », analyse Vittoria Colizza, épidémiologiste et modélisatrice à l’Inserm. « L’adhésion à ces mesures est un autre facteur qui affecte l’épidémie », précise-t-elle.
« Ça ne permet pas de vider les services hospitaliers »
« On devait s’attendre, compte tenu de la circulation virale dans les Alpes-Maritimes, à une baisse d’un ou deux dixièmes du nombre de reproduction du virus et c’est ce qu’on observe, donc ça veut dire qu’il y a un effet, on le mesure, mais un effet limité, précise Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie des maladies infectieuses à l’université de Montpellier. Ça permet d’enrayer la hausse mais ça ne permet pas de vider les services hospitaliers. »
Car la pression hospitalière reste forte et ne décline pas. Les chiffres des réanimations dans le Pas-de-Calais, où le confinement partiel a été étendu à partir du 5 mars au soir, connaissent bien une tendance à la baisse depuis deux semaines, mais, au centre hospitalier de Dunkerque, rien ne change. Le flux d’entrées en réanimation reste le même, indique l’établissement. Depuis début février, 120 transferts de patients de réanimation ont été effectués vers d’autres hôpitaux, avec un rythme identique qui se maintient ces derniers jours (de deux à trois patients transférés par jour), tandis que les lits réservés aux malades du Covid de l’hôpital affichent toujours complets. Seul un « petit frémissement » à la baisse dans l’hospitalisation conventionnelle se fait « légèrement » sentir depuis quelques jours.
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