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« Sur les masques, nous nous sommes trompés », admet Olivier Véran

En mars 2020, au début de l’épidémie en France, l’élargissement du port du masque à tous avait été jugé « inutile ». L’ex-ministre de la santé, qui a écrit un livre sur la crise sanitaire, admet aussi l’absurdité de certaines mesures lors du premier confinement.

Le Monde avec AFP

Publié le 08 septembre 2022 à 10h32, modifié le 08 septembre 2022 à 12h13

Temps de Lecture 3 min.

Plus de deux ans après l’arrivée du Covid-19 en France, Olivier Véran revient sur la façon dont il a vécu la crise sanitaire dans un entretien au Parisien, à l’occasion de la parution de son livre Par-delà les vagues (éditions Robert Laffont).

L’ancien ministre de la santé, devenu porte-parole du gouvernement, exprime quelques regrets : « Une partie de l’opinion nous a reproché d’avoir sciemment menti sur les masques, pour cacher la pénurie, se rappelle Olivier Véran, qui assure : Ce n’est pas le cas. La vérité, c’est que, sur les masques, nous nous sommes trompés, ni plus ni moins. Nous, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] et les autorités sanitaires internationales. De bonne foi, certes, mais nous nous sommes trompés. »

« Je porte la responsabilité de toutes les décisions prises, adaptées ou non, et je saisis ici l’occasion de vous présenter mes excuses pour cette incroyable erreur d’appréciation », écrit-il dans son livre, selon les extraits publiés par L’Express. Avant de poursuivre : « L’éviter n’aurait pas créé par magie les stocks de masques manquants. Mais la commettre a grevé un capital confiance si indispensable lorsqu’on demande aux Français tant d’efforts dans la durée. »

En mars 2020, alors que l’épidémie de Covid-19 déferlait en France, les autorités sanitaires avaient jugé « inutile » l’élargissement du port du masque à l’ensemble de la population. Au même moment, la France manquait de masques : les réserves étaient passées de presque 2 milliards d’unités (masques chirurgicaux et FFP2) en 2009 à 100 millions à la veille de la crise sanitaire. Une pénurie qui fit alors l’objet d’une polémique.

« Viol de mon intimité »

Dans son entretien, l’Isérois revient sur la perquisition qui a eu lieu le 15 octobre 2020 dans le cadre d’une enquête sur la gestion de la crise sanitaire. « Il est 6 heures du matin. “Bonjour, c’est la police.” « Vous imaginez ? Tout d’un coup, alors que je m’étais couché à 2 heures du matin, et qu’on venait de prononcer la veille l’état d’urgence sanitaire, 18 magistrats et policiers avec des brassards qui débarquent dans mon salon », explique l’ancien ministre de la santé.

Ce matin-là, les domiciles du premier ministre Edouard Philippe, de l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn, de l’ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, et du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, avaient également été perquisitionnés par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par la Cour de justice de la République (CJR). Les bureaux de MM. Véran et Salomon avaient eux aussi fait l’objet d’une perquisition, ainsi que les locaux de Santé publique France. L’objectif de l’enquête : déterminer si les personnes ciblées avaient pu commettre des infractions pénales dans leur gestion de la crise sanitaire.

Pour M. Véran, il est « normal que la justice travaille, [mais] pas anormal de vivre ce viol de mon intimité comme un truc violent ». « Ils ont ouvert mes placards, fouillé mon téléphone et mon ordinateur. Jusqu’à commenter les séries télé que je regardais », dénonce-t-il dans Le Parisien.

La CJR avait retenu neuf plaintes du chef d’abstention de combattre un sinistre. Ce délit vise, selon le code pénal, « quiconque s’abstient volontairement de prendre ou de provoquer les mesures permettant, sans risque pour lui ou pour les tiers, de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes », et est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

« Stress permanent »

Celui qui a été l’un des visages de la pandémie admet aussi, deux ans et demi après le premier confinement, l’absurdité de certaines mesures imposées pendant la crise sanitaire. « Par exemple quand on rouvre les terrasses de restaurant en exigeant des bacs à fleurs ou des panneaux de Plexiglas pour séparer les tables. Mais je note aussi que certains pays voisins nous ayant qualifiés d’Absurdistan nous ont suivis dans la plupart des cas. Ça rend modeste, une gestion de crise… »

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Aussi, M. Véran explique avoir pris la plume au soir de l’annonce du premier confinement pour se « souvenir plus tard de l’émotion du moment », sans imaginer l’ampleur qu’allait prendre la crise ni savoir qu’il allait en faire un livre.

Olivier Véran confie également avoir « touché du doigt le burn-out ». Notamment à la fin de la première vague en 2020, « j’ai eu des vertiges, de profondes nausées, les jambes qui flagellent », rapporte-t-il, expliquant qu’il dormait alors « trois heures par nuit », sautait des repas et était soumis à un « stress permanent ».

Aux racines de la crise sanitaire française, une série en cinq épisodes

Le Monde avec AFP

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