Frans Timmermans, le vice-président néerlandais de la Commission européenne chargé du Pacte vert, exprime sa « grande déception » après la conférence sur le climat (COP27) de Charm-El-Cheikh, en Egypte, et trace les perspectives de l’action environnementale en Europe.
« Le monde ne nous remerciera pas », avez-vous réagi à l’issue de la COP27. Vous estimez que ses résultats ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique ?
Cette COP27 a été très décevante. Pas de mention de la fin des énergies fossiles, pas de mention d’une date pour le pic des émissions de gaz à effet de serre, pas de mise à jour des soi-disant engagements nationaux de réduction… On n’a rien fait sur la réduction des émissions. On a perdu un an. On a même dû se battre comme des fous pour éviter de revenir en arrière, pour sauver les acquis de la COP26 de Glasgow [Ecosse]. Ce n’est pas suffisant.
A Glasgow, on s’était quittés sur l’engagement que les pays les plus émetteurs lanceraient des projets plus ambitieux pour réduire davantage les émissions. La plupart ne l’ont pas fait. Si on perd plus de temps, ça veut dire qu’il faut faire encore plus dans le temps qui reste. Ça devient politiquement et techniquement de plus en plus difficile.
Cela signifie que l’objectif de limiter le réchauffement sous les 1,5 °C est devenu inatteignable ?
L’objectif des 1,5 °C est moribond mais toujours vivant. Plus le temps passe, plus il devient difficile à tenir. Et plus les mesures à prendre seront coûteuses et pénibles. C’est pourquoi nous devons utiliser tout le temps qu’il nous reste : chaque année, chaque mois, chaque semaine, chaque jour. Cet objectif ne dépend pas seulement de l’Europe, mais aussi des pays du G20, qui sont responsables de 80 % des émissions globales. Donc, s’il n’y a pas un vrai changement en Chine, en Inde et dans les autres pays du G20, on n’y arrivera jamais.
Si on considère les investissements que font ces deux pays dans les renouvelables, c’est quand même remarquable, surtout en Chine. J’ai toujours espoir que cette dernière sera capable d’atteindre le pic de ses émissions bien avant 2030. Dans ce cas, les 1,5 °C restent possibles. On doit donc travailler avec les Chinois pour essayer d’y arriver.
L’accord sur le financement des « pertes et dommages » pour les pays les plus vulnérables au réchauffement a tout de même été qualifié d’historique…
C’est le grand succès de cette COP27. Et on le doit en partie à l’Union européenne [UE], car c’est notre proposition qui a été retenue. Cela veut dire que l’on peut rétablir les relations entre le Nord et le Sud.
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