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« Théorie du genre » : Les réseaux de la folle rumeur contre l'école

Éditorial. On croit rêver mais la rumeur a pris et les fantasmes vont bon train sur l'enseignement prétendu de la « théorie du genre » à l'école.

Le Monde

Publié le 30 janvier 2014 à 11h11, modifié le 31 janvier 2014 à 09h21

Temps de Lecture 2 min.

L'amendement se résume à une phrase:

C'est bien connu, avec les mensonges : plus c'est gros, plus ça a des chances de marcher. On est en train de le vérifier avec cet ahurissant appel au boycottage des écoles, un jour par mois, qui a déjà provoqué un absentéisme non négligeable dans une centaine d'établissements.

Coordonné par un site Internet, ce mouvement des « journées de retrait des enfants des écoles » (JRE) entend dénoncer ce qu'il assure être « l'enseignement de la théorie du genre » à l'école, destiné à nier les différences entre filles et garçons et de nature à porter atteinte « à l'intégrité et à la pudeur » des enfants. Histoire d'affoler un peu plus les parents, ses initiateurs évoquent cours d'éducation sexuelle dès la maternelle, incitation à la masturbation et apologie de l'homosexualité…

Lire notre décryptage Cinq intox sur la « théorie du genre »

On croit rêver. Mais la rumeur a pris, et les fantasmes vont bon train. Les « ABCD de l'égalité » ont servi de prétexte à ce grand délire. Lancés conjointement par le ministère de l'éducation nationale et celui des droits des femmes et expérimentés dans dix académies depuis la rentrée 2013, ils consistent à organiser des ateliers pour lutter contre les préjugés et stéréotypes filles-garçons à l'école, afin de corriger les inégalités entre les sexes dès le plus jeune âge.

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BOBARD OU AMALGAME

Cette fronde serait seulement ridicule si elle n'était révélatrice de deux réalités inquiétantes. La première est politique. Ce mouvement a été lancé par Farida Belghoul, ex-figure de la Marche des beurs dans les années 1980 et qui a, depuis, rejoint la mouvance d'extrême droite « Egalité et réconciliation », animée par Alain Soral, antisémite affiché, fidèle soutien de Dieudonné et qui se réclame désormais du national-socialisme.

Lire le décryptage Comment les détracteurs de la théorie du "genre" se mobilisent

Mme Belghoul a reçu le soutien de tout ce que la droite compte de plus réactionnaire (les catholiques intégristes de Civitas, Béatrice Bourges, présidente du Printemps français, Christine Boutin…), bien décidée à mener l'offensive contre tout ce qu'elle estime être une menace contre l'« identité de la personne » : mariage pour tous, droit à l'avortement, égalité homme-femme, débat sur la fin de vie. En outre, cette mobilisation rejoint l'inquiétude exprimée, sur ces sujets, par le Conseil français du culte musulman, qui vient de demander des explications au ministre de l'éducation nationale. Cette sainte alliance, activée par l'extrême droite la plus radicale, ne recule, on le voit, devant aucun bobard ou amalgame.

Or elle bénéficie, c'est le second constat, de l'extraordinaire efficacité des réseaux sociaux et d'Internet. Ceux-ci sont à l'évidence de fantastiques moyens d'accès au savoir et de formidables outils de débat démocratique. Ils peuvent aussi être de redoutables relais pour accréditer les fables les plus rocambolesques et les théories complotistes les plus échevelées. Surtout quand des agitateurs sans scrupule décident de surfer sur le climat délétère qui taraude la société française.

Lire le décryptage Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre

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