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Le nombre de naissances continue de baisser en France, qui reste malgré tout le pays le plus fécond de l’UE

En 2018, selon le bilan démographique de l’Insee, la fécondité en France est de 1,87 enfant par femme.

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Publié le 15 janvier 2019 à 12h00, modifié le 15 janvier 2019 à 14h20

Temps de Lecture 4 min.

Et de quatre ! Bien que la population française continue d’augmenter, le rythme des naissances a faibli en 2018, révèle la dernière édition du bilan démographique de l’Institut national de la statistique (Insee). Comme les trois années précédentes. En 2018, 758 000 bébés sont nés, selon les chiffres annuels rendus publics mardi 15 janvier. Soit 12 000 de moins qu’en 2017 et 60 000 de moins qu’en 2014. La baisse des naissances s’installe dans la durée mais sans s’intensifier. Au contraire, elle se stabilise, pointe l’Insee.

Cette diminution est corrélée à celle du nombre de femmes en âge de procréer, un phénomène qui date des années 1990. On comptait, en 2018, 8,4 millions de Françaises âgées de 20 à 40 ans, contre 8,8 en 2008 et 9,1 en 1998. Mais l’explication principale réside dans la baisse de la fécondité, qui diminue depuis quatre ans. L’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit désormais à 1,87 enfant par femme (contre 1,90 en 2017). Le seuil permettant le renouvellement des générations – une natalité de 2,1 enfants – s’éloigne progressivement.

Cette baisse de la fécondité touche les femmes de tous les âges et de tous les niveaux de vie, ce qui laisse penser qu’« il s’agit d’une tendance structurelle faisant suite à un changement de mentalité chez les jeunes générations », analyse le géographe Laurent Chalard. Pour l’Union nationale des associations familiales, c’est aussi le reflet de politiques publiques de plus en plus défavorables, au fil des ans, aux familles avec enfants.

Cette érosion des naissances est un sujet sensible, tant il est d’usage d’associer natalité et dynamisme de la société. « On a connu un pic en 2010, puis une baisse depuis 2015. Néanmoins, si l’on regarde les quarante dernières années, le taux de fécondité des Françaises reste relativement stable, avec entre 1,8 et 2 enfants par femme depuis 1975, à l’exception d’une chute autour de 1,65 dans les années 1990 », tempère Laurent Toulemon, démographe à l’Institut national d’études démographiques.

La France demeure d’ailleurs, en 2016, le pays le plus fécond de l’Union européenne, selon les dernières données d’Eurostat. Le rôle fort de l’Etat et un climat globalement favorable à la parentalité – qui s’incarne notamment par le fort nombre de places de crèche et la prise en charge des enfants à l’école dès 3 ans – sont avancés par les experts pour expliquer le maintien d’une forte natalité française, comparé à ce que connaissent la plupart de nos voisins européens. « Même si ce n’est pas la raison pour laquelle ils choisissent de faire des enfants, les couples savent qu’ils pourront travailler relativement rapidement après une naissance, et qu’ils ne seront pas obligés de payer un prix très élevé pour les études », observe Laurent Toulemon. « En France, ce sont plutôt les couples en âge de procréer qui n’ont pas d’enfants qui sont pointés du doigt », ajoute-t-il.

La comparaison avec les autres pays de l’OCDE ne manque pas d’intérêt. Dans la plupart des pays développés, la crise de 2008 a provoqué rapidement une baisse du nombre de naissances. C’est ce même phénomène que connaît aujourd’hui la France, avec un certain décalage. Cette répercussion tardive s’explique en partie par les mécanismes d’amortissement sociaux spécifiques au modèle français ; la baisse est ainsi moins brutale qu’ailleurs, mais elle s’inscrit davantage dans la durée.

Hausse de la mortalité

Autre tendance lourde que reflète le bilan démographique annuel : les femmes font des enfants de plus en plus tardivement, à 30,6 ans en moyenne en 2018. Cette hausse de l’âge moyen de la maternité, qui a augmenté de plus de quatre ans depuis 1977, est liée à plusieurs évolutions. Dans un article de la revue Population et Sociétés de mars 2018, Gilles Pison, professeur de démographie au Museum national d’histoire naturelle, l’associe à « l’allongement de la durée des études, à la progression de l’emploi féminin et au souhait croissant des femmes et des hommes de n’avoir des enfants qu’une fois installés dans la vie, avec des diplômes, un emploi stable, un logement et une vie de couple ».

Il faudra attendre cependant pour tirer les conclusions de ce recul sur le long terme. A ce stade, « il est encore possible que cela décale juste le calendrier des naissances », souligne Sylvie Le Minez, responsable de l’unité des études démographiques et sociales à l’Insee.

Parallèlement à cette baisse des naissances, l’année 2018 a été marquée par une légère augmentation du nombre de décès, qui résulte principalement de l’arrivée à un âge de forte mortalité des générations issues du baby-boom. Une grippe hivernale exceptionnellement longue ainsi qu’un épisode caniculaire ont contribué, dans une moindre mesure, à faire grimper le taux de mortalité des personnes âgées.

Baisse des naissances et hausse de la mortalité se conjuguent pour provoquer un solde naturel (la différence entre naissances et décès) historiquement bas en 2018 – c’était déjà le cas en 2017. Il demeure cependant, comme toujours en France, la principale raison de la progression de la population. Laquelle s’établissait, au 1er janvier 2019, à 66 993 000 habitants, en hausse de 0,3 % par rapport à 2017.

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