Un coup rendu pour un coup porté : l’engrenage criminel qui s’est remis en mouvement à la mi-juin à Marseille a déjà causé la mort de six jeunes gens, abattus dans des règlements de compte. La dernière victime, une jeune fille de 17 ans, a été tuée peu avant minuit jeudi 8 juillet, alors qu’elle se trouvait à l’arrière d’un véhicule stationné à Septèmes-les-Vallons, une commune limitrophe des quartiers nord de Marseille. Les enquêteurs ont rapidement qualifié cette dernière de « victime collatérale ».
Ayant succombé à ses blessures lors de son transport vers l’hôpital, elle se trouvait en compagnie de la conductrice du véhicule, qui est sortie indemne, et d’un garçon âgé de 21 ans et touché à l’épaule lors de cet assaut, mené à l’aide de deux armes. Bien connu des services de police, le jeune homme semble avoir été la cible recherchée par les tueurs. La procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, a annoncé que l’enquête avait été confiée à la juridiction interrégionale spécialisée, confirmant qu’il s’agit là d’un nouvel épisode d’une guerre entre trafiquants de drogue.
Avant ces faits, qui ont particulièrement choqué en raison de l’âge de la victime, on dénombrait pas moins de cinq jeunes hommes âgés de 20 à 28 ans qui, en moins de quinze jours, sont morts sous les balles de tueurs encagoulés, ces fusillades ayant également blessé trois autres personnes, parfois très grièvement. Pour expliquer cet enchaînement, c’est l’image du ping-pong qui est utilisée. Seul le premier règlement de compte de cette série serait sans lien avec la succession des cinq autres meurtres.
« Pic aigu de violences »
Le 25 juin, Younès Laateur, 32 ans, récemment sorti de détention, est abattu alors qu’il se rend à un championnat de football entre quartiers, la HCup. Il avait été condamné, en novembre 2017, pour sa participation au trafic luxuriant de la cité des Lauriers, fief du clan dit « des Blacks » (une fratrie comorienne). « Pour aller ainsi jouer au foot, c’est qu’il ne se sentait pas menacé », estime-t-on à l’Evêché, l’hôtel de police marseillais.
Policiers et magistrats chargés de la criminalité organisée tentent de décrypter les origines de ce « pic aigu de violences ». Cette crise débute, à leurs yeux, à la mi-juin, avec une fusillade dans la cité La Paternelle, un « plan stup » des quartiers nord. « Après un début d’année assez calme, nous sommes, depuis le printemps, confrontés à un signe avant-coureur tous les huit jours : coup de force dans une cité, saisie de kalachnikov, fusillade, tentative d’enlèvement d’un charbonneur [revendeur de drogue] », analyse-t-on au palais de justice.
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