La sécurité constitue l’un des principaux points d’inquiétudes pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de 2024. En particulier la capacité des organisateurs à disposer de suffisamment d’agents de sécurité privée dans les sites des compétitions. Par-delà les discours volontiers rassurants du gouvernement – « un grand pays comme la France est capable de répondre à cet enjeu de sécurité privée », avait assuré, le 24 janvier au Sénat, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmain –, les messages d’alerte se multiplient depuis plusieurs mois à ce propos.
« La responsabilité première de l’Etat est d’anticiper tous les scenarii possibles, y compris les plus ennuyeux », a insisté, lundi 20 mars, Isabelle Rauch, la présidente (Horizons et apparentés) de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale. Avant d’inviter le gouvernement à prévoir « la substitution pour partie de nos forces de sécurité intérieure aux agents de sécurité privée », dans la mesure où il y a « un risque que la filière de sécurité privée ne puisse pas fournir le nombre d’agents espéré par le Comité d’organisation » des Jeux olympiques (Cojop).
Mme Rauch s’exprimait à l’occasion de l’examen du projet de loi relatif aux Jeux olympiques et paralympiques et portant diverses autres dispositions. Le ministre de l’intérieur, Gérarld Darmanin, n’étant pas présent pour le début de cet examen – il est attendu mardi soir –, elle n’a pas eu de réponse, à ce stade, sur ce que le gouvernement envisage, ou pas.
L’ampleur du « déficit capacitaire » de la sécurité privée a été cernée par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale dans son rapport pour avis sur le projet de loi olympique, publié le 17 mars : elle y mentionne que le Cojop n’a « sécurisé à ce jour que 4 500 [agents], selon [son directeur général] Etienne Thobois », tout en rappelant que « le Cojop aurait besoin de 22 000 à 33 000 agents de sécurité privée ».
M. Thobois avait été auditionné par les députés alors que les résultats d’un appel d’offres en direction des sociétés de sécurité privée n’étaient pas encore totalement connus.
Le recours aux forces armées « n’est pas une question de tabou »
Les propos de Mme Rauch font écho à ceux tenus par les magistrats de la Cour des comptes. En janvier, ceux-ci avaient pressé le gouvernement de « planifier les scénarios alternatifs » pour assurer la sécurité sur les sites de compétition et d’« anticiper la planification des moyens à engager » en vue de « la probable substitution, pour partie, des forces de sécurité intérieure à la sécurité privée pour des missions incombant à l’organisateur ».
La juridiction financière citait comme « indispensable » le recours aux réserves opérationnelles de la police, de la gendarmerie et des armées. Au passage, elle avait rappelé que le financement de cette sécurité sur les sites devra être « assuré par le Cojop ».
Les organisateurs n’ont, eux-mêmes, pas caché que « tous les scénarios sont sur la table ». Façon de dire que, si la sécurité privée ne peut fournir suffisamment d’effectifs, il faudra peut-être faire appel à l’armée. « Si à la fin des fins des fins des fins, il manque un certain nombre de personnes, nous regarderons ce que nous pourrons faire », s’était contenté de répondre, le 24 janvier, Gérald Darmanin au sénateur centriste Laurent Lafon, qui lui demandait « quand le scénario du recours à l’armée sera[it] officiellement annoncé » pour pallier l’insuffisance d’agents de sécurité privée.
Le recours aux forces armées « n’est pas une question de tabou », a déclaré la ministre des sports et des JOP, Amélie Oudéa-Castéra, le 14 mars au micro de France Inter. « C’est quelque chose qui sera discuté entre Gérald Darmanin [le ministre de l’intérieur] et Sébastien Lecornu [le ministre de la défense] », a-t-elle ajouté, tout en assurant que « pour l’instant, nous faisons absolument tout pour que, dans la planification des forces de sécurité intérieures et dans le recrutement des agents de sécurité, on soit pleinement au rendez-vous ».
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