Crise sanitaire : «Le PSG a été le premier partenaire d’Action contre la faim»

La crise sanitaire a rapproché les deux partenaires qui ont multiplié les actions solidaires. Jean-François Riffaud, président d’ACF, en explique l’importance.

 Des centaines de kits d’hygiène sont préparés au Parc des Princes par des bénévoles du PSG et de l’ONG Action contre la faim.
Des centaines de kits d’hygiène sont préparés au Parc des Princes par des bénévoles du PSG et de l’ONG Action contre la faim. DR

    Un don de 100 000 euros, une mise à disposition du Parc des Princes transformé en base arrière de confection de kits d'hygiène et de matériel de santé pour les populations les plus fragiles, la participation bénévole de ses salariés, le prêt de sept véhicules de transport, la fourniture de 80 000 masques : à l'occasion de la crise du coronavirus, le PSG s'est plus que jamais engagé aux côtés de l'ONG Action contre la faim (ACF).

    Débuté en avril, le projet de solidarité — qui s'inscrit dans les multiples actions du club parisien — devait s'arrêter fin mai. Face aux besoins et à l'efficacité des mesures mises en place, il a été prolongé jusqu'à la fin juin. Jean-François Riffaud, président d'Action contre la Faim, revient sur ce soutien et décrypte les enjeux majeurs liés à cette crise sanitaire.

    En cette période compliquée, que représente le soutien de la Fondation PSG pour une organisation comme la vôtre ?

    JEAN-FRANCOIS RIFFAUD. Je tiens d'abord à souligner quelque chose de très important à mes yeux : dès les tout premiers jours de la crise, le PSG a été le premier partenaire à se porter à nos côtés. Au-delà des dons ou de l'argent, avoir un partenaire qui vous appelle et demande : « Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour vous ? », c'est précieux.

    Concrètement, qu'est-ce que cela vous a apporté ?

    Il faut se remettre dans le contexte : fin mars-début avril, il y avait de la pénurie partout, on était tous — en particulier, nous, les humanitaires — en train de se battre sur les matériels de protection et le PSG nous a aidés, à la fois financièrement et techniquement, à en acquérir pour nos actions en France comme à l'international. Et cela a débloqué beaucoup de situations. On savait que nos commandes seraient accompagnées financièrement par la Fondation PSG. Ça a permis d'ouvrir les perspectives.

    Avez-vous pu atteindre les résultats que vous souhaitiez ?

    Je serais bien orgueilleux de me mettre à la place des personnes dans les camps et de dire : « Oui, ça a été formidable ». Je ne dis pas ça du tout. Je dis simplement que nos objectifs d'accompagnement, de réponses aux besoins en termes d'hygiène, d'accès à l'eau, de protection des communautés qui vivent dans des regroupements autour de Paris, et qui ont fortement augmenté du fait de la crise du Covid, on a pu les mener grâce au soutien du PSG.

    En quoi l'accès au Parc des Princes vous a-t-il été utile ?

    Quand la ville était confinée, les équipes volontaires d'ACF avaient leur base arrière au Parc. Elles pouvaient préparer les kits, les équipes, charger les véhicules. Donc, ça a été un soutien opérationnel très important. Et, ça, sincèrement, c'est chouette. Je crois aussi que les dirigeants parisiens ont fait ça parce qu'ils nous ont vus à l'œuvre en Centre Afrique il y a deux ans ou à Madagascar. Ils sont allés avec nous sur le terrain. En fait, c'est aussi une histoire de personnes qui passent des étapes ensemble.

    Les besoins liés à cette crise ne risquent-ils pas de s'amplifier dans le futur ?

    C'est sûr. Moi, je suis inquiet de l'oubli. On sait très bien de quoi on parle en matière de lutte contre la faim et d'insécurité alimentaire, ça fait quarante ans qu'on fait ça. Or, dans nos sociétés très consommatrices d'infos, un sujet chasse l'autre. Donc, avec la crise du Covid, c'est la même chose.

    Quels sont les risques ?

    Cette crise a des impacts très négatifs sur le nombre de personnes qui luttent contre la faim. On est à 820 millions de personnes dans le monde en insécurité alimentaire mais on est certains que ce chiffre est en train d'augmenter à cause du confinement et de la mise à l'arrêt de l'économie. Mais, en plus, le virus circule encore dans nos contrées et il continue aussi de se déployer au Pakistan de manière très forte, en Inde, dans certains pays d'Afrique. Je ne veux jouer les alarmistes juste parce que je parle à un journaliste et que ça fait bien. Non. La réalité, c'est que les prix des denrées alimentaires augmentent. Donc, les personnes extrêmement faibles ne peuvent plus se les payer. En matière de lutte contre la faim, le monde d'après sera pire que le monde d'avant. Ça, c'est sûr. Et je vous garantis que j'aurais préféré vous dire l'inverse.

    Après quarante ans à l'international, Action contre la faim est désormais présent en France depuis deux ans. Pourquoi ?

    On a décidé de le faire pour deux raisons. 1. Parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait des besoins qui n'étaient pas couverts. 2. Parce qu'il y a des types d'actions qu'on menait à l'international qui pouvaient y répondre. On est dans des situations en France qui demandent les mêmes réponses que dans des pays extrêmement pauvres. Et, donc, en partenariat avec des acteurs locaux, on a joint nos forces. Et je suis assez fier de ça. Je suis navré évidemment parce que ça signifie que les besoins sont partout, au Nord comme au Sud. Mais je suis fier parce que ça veut dire que les ONG peuvent travailler ensemble.

    Comment allez-vous agir en Ile-de-France ?

    On a identifié des besoins d'amélioration de l'hygiène, d'accès à l'eau, de soutien alimentaire ou psychologique et une capacité de réponses. Il nous faudrait à peu près 1,5 million d'euros cette année. On n'a pas cette somme. On a mis 400 000 euros de nos fonds propres, issus de l'argent des dons. Mais si on veut mener à bien nos actions, aux côtés des autres associations comme la Chorba, les Restos du cœur, l'Unicef, il nous faudra de l'argent en plus. On ne le fera que si on continue à être accompagnés, que si les Français continuent à être généreux et que les entreprises aussi continuent à se mobiliser à nos côtés.

    Pour finir, quel regard portez-vous sur la solidarité des footballeurs qui a parfois été pointée du doigt ?

    D'abord, la générosité est la liberté de chacun. Franchement, riche ou moins riche, le sujet est avant tout qu'on doit être des citoyens responsables. Ensuite, je sais aussi que les joueurs ont beaucoup d'œuvres et d'engagements qu' ils font assez discrètement. Ce n'est pas à moi de juger de la générosité des uns et des autres. En revanche, ce que je sais, c'est que le PSG se comporte bien avec nous. Comme avec le Secours populaire ou l'AP-HP. Et, ça, c'est important.