Une étude contredisant le gouvernement conclut à la baisse du niveau de vie des Français les plus modestes

Selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), le niveau de vie des 5 % les plus pauvres a régressé depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. A contrario, les grands gagnants sont les plus riches Français (1%).

Selon l'IPP, les 5% de ménages les plus pauvres ont perdu jusqu'à 0,5% de niveau de vie quand les 1% les plus riches ont engrangé la plus importante progression depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, avec un gain moyen de 2,8% (illustration). LP / Arnaud Journois
Selon l'IPP, les 5% de ménages les plus pauvres ont perdu jusqu'à 0,5% de niveau de vie quand les 1% les plus riches ont engrangé la plus importante progression depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, avec un gain moyen de 2,8% (illustration). LP / Arnaud Journois

    Certains ménages risquent de ne pas le croire. Mais pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron, leur niveau de vie a globalement progressé, si l’on en croit l’étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) dévoilée ce mardi. Loin du pouvoir d’achat en baisse ressenti par de nombreux Français, les travaux des économistes indiquent que presque tous les ménages ont vu leurs revenus - déduits des impôts et prestations sociales - augmenter depuis 2017, avec une moyenne annuelle de 397 euros (+ 1,6 %). Tous les ménages ont donc grappillé du pouvoir d’achat… sauf les 5 % les plus pauvres. Ces Français, qui vivent avec moins de 800 euros par mois, ont perdu jusqu’à 0,5 % de pouvoir d’achat, soit jusqu’à 39 euros en un an, selon les chercheurs de l’IPP.

    Les raisons ? Ils n’ont pas profité de certaines réformes fiscales et sociales déterminantes, comme la revalorisation de la prime d’activité (2,7 milliards d’euros) ou la baisse de l’impôt sur le revenu (5,4 milliards d’euros). Pire : ils ont souffert de la réforme de l’assurance chômage et de celle consacrée à l’aide au logement (APL). Quant à la suppression de la taxe d’habitation (18,5 milliards d’euros), véritable coup de pouce du début du quinquennat, elle n’a pas suffi à compenser les hausses de la fiscalité indirecte sur le tabac (+ 2,3 %) et l’énergie (+ 2,4 %), qui ont pesé lourd sur leur pouvoir d’achat.

    Et si l’étude de l’IPP souligne qu’il existe des situations parfois très hétérogènes au sein de ces ménages, elle est quoi qu’il arrive moins optimiste que le bilan réalisé par la Direction générale du Trésor qui annonçait une hausse du niveau de vie de 4 % pour les 10 % des Français les plus pauvres. Comment expliquer une telle différence de points de vue ? Pour les chercheurs de l’IPP, l’explication principale est simple : Bercy a intégré dans ses calculs des réformes votées sous François Hollande mais entrées en vigueur pendant le mandat d’Emmanuel Macron alors que l’étude de l’IPP ne se repose que sur les réformes décidées pendant le quinquennat actuel.

    Le niveau de vie des 1 % des Français les plus riches a progressé de 2,8 %

    Qui sont donc les grands gagnants de l’ère Macron ? Les plus riches. 1 % des Français les plus aisés ont vu leur niveau de vie grimper de 2,8 % depuis 2017, et jusqu’à 4,1 % pour les 0,1 % les plus riches. Eux ont généralement profité massivement de la réforme de l’impôt sur le revenu mais surtout de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI).

    Mais les classes populaires ne sont tout de même pas en reste. Les ménages situés entre le 6e et 7e centile (la population est divisée en 100 centiles, du plus pauvre au plus riche) et encore ceux entre le 11e et le 16e centile ont vu leur niveau de vie augmenter de 2 % environ grâce à la revalorisation de la prime d’activité pour les actifs et à l’augmentation du minimum vieillesse pour les retraités modestes.



    Quant aux classes moyennes, leur niveau de vie a progressé plus légèrement, de 1,1 % à un peu plus de 2 %. Selon les chercheurs de l’IPP, le critère déterminant reste le travail. En effet, les ménages actifs ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de 3,5 % en moyenne pendant le mandat d’Emmanuel Macron, boosté par la baisse de l’impôt sur le revenu, la hausse de la prime d’activité ou encore la suppression des cotisations sociales chômage et assurance maladie payées par les salariés et désormais basculées sur la CSG.