Coronavirus : le FMI prévoit une crise plus sévère que prévu, la France parmi les plus touchés

Le FMI table désormais sur une contraction du PIB mondial de 4,9 % contre 3 % en avril. Toutes les régions du monde sont concernées par ces projections pessimistes.

 Arlington, Etat de Virginie aux États-Unis, le 4 mai 2020. Le PIB de la première puissance du monde va s’effondrer de 8 % cette année, selon le FMI.
Arlington, Etat de Virginie aux États-Unis, le 4 mai 2020. Le PIB de la première puissance du monde va s’effondrer de 8 % cette année, selon le FMI. AFP/Olivier Douliery

    Une « crise pas comme les autres », bien pire que prévu, et une reprise plus lente qu'espéré : les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) sont alarmistes. L'économie mondiale va cumuler plus de 12 000 milliards de dollars de perte en 2020 et 2021 à cause de la pandémie due au coronavirus, estime l'institution de Washington, ce mercredi.

    Gita Gopinath, son économiste en chef, a dévoilé une prévision de récession de 4,9 % cette année. C'est bien pire que les 3 % anticipés en avril en plein cœur de la pandémie, quand le FMI soulignait déjà qu'il s'agissait de la pire crise depuis la Grande Dépression des années 1930.

    Crise très sévère en France et en Europe

    L'Europe, qui a instauré des confinements sévères, est de loin la région la plus touchée. Pour les pays de la zone euro et le Royaume-Uni, la contraction du Produit intérieur brut (PIB) est vertigineuse : -10,2 %.

    La France figure en queue de peloton, avec une chute du PIB estimée à -12,5 %. Seuls l'Italie et l'Espagne font moins bien (-12,8 %). Le Royaume-Uni (-10,2 %) et l'Allemagne (-7,8 %) s'en sortent un peu mieux.

    « Un degré élevé d'incertitude entoure » ces prévisions, reconnaît Gita Gopinath alors que l'épidémie n'est pas terminée et que des foyers resurgissent là où elle semblait endiguée, comme en Allemagne où les autorités ont annoncé mardi des reconfinements locaux.

    Derrière l'Europe, la région Amérique latine et Caraïbes

    Pour l'heure, aucun pays n'échappe au pessimisme ambiant à commencer par la Chine, d'où est parti, fin 2019, le virus mortel. Le FMI ne voit désormais qu'un 1 % de croissance, loin des 6,1 % réalisés en 2019, qui constituait déjà un plus bas historique du fait de la guerre commerciale avec Washington.

    La crise sanitaire va porter un coup encore plus fort aux Etats-Unis, dépourvus de filet de sécurité sociale et malgré les gigantesques plans d'aide du gouvernement (quelque 3000 milliards de dollars). Le PIB de la première puissance du monde va ainsi s'effondrer de 8 % contre 5,9 % estimé en avril. La reprise en 2021 sera, elle, moins soutenue (+ 4,5 %).

    Partout ailleurs dans le monde, des chiffres catastrophiques : -9,4 % dans la région d'Amérique latine et des Caraïbes, -8 % en Afrique du Sud, -5,8 % au Japon, -4,7 % au Moyen-Orient et Asie centrale ou encore -4,5 % en Inde.

    Un espoir : la découverte d'un vaccin

    Dans son rapport, le Fonds prévient que « la reprise devrait être plus progressive que prévu ». En 2021, la croissance mondiale devrait ainsi atteindre 5,4 % (-0,4 %). C'est environ 6,5 points de pourcentage en moins que dans les projections de janvier avant la propagation du virus dans le monde.

    Le FMI est particulièrement inquiet de l'impact négatif sur les ménages à faibles revenus, qui « met en péril les progrès significatifs accomplis dans la réduction de l'extrême pauvreté dans le monde depuis les années 1990 ». Pour autant, comme pour les projections publiées en avril, « il y a un degré d'incertitude plus élevé que d'habitude autour de cette prévision ».

    In fine, cela pourrait se révéler pire ou meilleur. Meilleur, s'il y a par exemple la découverte d'un vaccin et s'il y a des aides gouvernementales supplémentaires qui accéléreront la reprise. Au contraire, « de nouvelles vagues d'infections peuvent freiner » la reprise « et resserrer rapidement les conditions financières, provoquant un surendettement », a résumé Gita Gopinath.