Pauvreté : plus d’un Français sur dix obligé de sauter des repas

Selon le Baromètre de la pauvreté dévoilé ce mercredi par le Secours populaire, cette pratique monte à 38% des plus précaires. Ils nous racontent comment ils (sur)vivent le ventre vide.

 Karima (de dos), qui vient régulièrement au Libre-service alimentaire du Secours populaire, a eu du mal à manger convenablement pendant le confinement.
Karima (de dos), qui vient régulièrement au Libre-service alimentaire du Secours populaire, a eu du mal à manger convenablement pendant le confinement. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Un chariot rempli de victuailles, Nadine, 55 ans, qui touche « 500 euros » d'allocation de solidarité spécifique (ASS) après avoir épuisé ses droits au chômage, sort du Libre-service solidaire piloté par le Secours populaire dans le nord de Paris. Elle peut y faire ses courses toutes les trois semaines environ pour une bouchée de pain ou presque : une participation symbolique de 2 euros par personne. Mais pour tenir le plus longtemps possible avec ce stock de denrées, généralement une dizaine de jours, elle n'hésite pas à se sacrifier.

    « Là, j'ai deux steaks. Il y en aura un ce soir pour mon beau-fils de 30 ans et l'autre pour mon mari. Moi, j'avalerai je ne sais pas quoi. J'ai souvent faim, mais avec le temps, l'estomac s'habitue. Le problème, c'est que ça fout mon diabète en l'air », s'inquiète cette dame qui ne sait « plus à quoi ressemble un supermarché ». Jamais auparavant elle n'avait « imaginé » qu'un jour elle connaîtrait cette privation forcée de calories. Comme elle, des centaines de milliers de citoyens aux faibles ressources ne peuvent quotidiennement manger à leur faim, condamnés à rester le ventre vide ou à s'alimenter avec des produits bradés mais de très mauvaise qualité.