Baisse de la natalité, recul de l’âge maternel, hausse des complications… le rapport de Santé publique France au crible

Bien que la prise en charge reste à un niveau élevé en France, plusieurs indicateurs se sont dégradés en dix ans. Certains feront l’objet de travaux approfondis pour en comprendre les causes.

Le nombre de naissances a baissé de 841 000 en 2010 à 734 000 en 2019. LP/Carol Amar
Le nombre de naissances a baissé de 841 000 en 2010 à 734 000 en 2019. LP/Carol Amar

    Le pic de naissance sera-t-il bientôt entre 35 et 44 ans ? Une chose est sûre, il est en train de se décaler dans le temps, comme l’explique un rapport inédit de Santé publique France qui a passé à la moulinette toutes les données existantes sur l’état de santé de la mère, du fœtus et du bébé de 2010 à 2019. Si la prise en charge en France reste à un niveau « élevé et stable », elle varie fortement en outre-mer et l’évolution de certains indicateurs en métropole s’avère « préoccupante ».

    Premier constat : à l’exception de la Guyane, le nombre de naissances a baissé partout, passant au total de 841 000 en 2010 à 734 000 en 2019, ce qui s’explique à la fois par une diminution de la fécondité chez les femmes les plus jeunes et par des grossesses plus tardives. Ainsi, en 2019, on accouche à 30,1 ans contre 29,4 ans en 2010. « L’âge maternel élevé est un facteur de risque d’un certain nombre de complications, comme le diabète gestationnel, les troubles liés à l’hypertension durant la grossesse mais aussi à l’accouchement », explique Nolwenn Regnault, responsable de l’unité périnatalité à Santé publique France.



    Le premier, qui se traduit par une augmentation de la quantité de sucre dans le sang, a même été multiplié par deux en neuf ans, passant de 6,7 % à 13,6 %. Cette hausse s’explique aussi par un abaissement du seuil de dépistage et une hausse du surpoids et de l’obésité. Autre problème à cibler, si les femmes enceintes fument moins qu’il y a vingt ans, la moitié n’arrivent pas à se débarrasser de la cigarette, soit 16,2 % selon les derniers chiffres de 2016.

    Comprendre pourquoi la mortalité des nourrissons augmente

    Dans ce document de 160 pages, la précarité des mères semble aussi s’aggraver. On en recense davantage en situation irrégulière disposant de l’aide médicale d’État (AME) et sans abri. En Île-de-France, ce taux est passé de 0,58 % à 2,28 % entre 2015 et 2019. « Sur ce sujet, des travaux complémentaires vont être engagés », détaille Nolwenn Regnault.

    D’autres indicateurs préoccupants feront l’objet de recherches. Une légère augmentation du refus du dépistage néonatal, qui consiste après la naissance à rechercher six pathologies chez le bébé afin d’identifier des maladies rares mais graves et à les prendre en charge. « Il nous reste à comprendre pourquoi », poursuit la spécialiste. Même question sur la hausse de la mortalité des nourrissons, recensée sur l’ensemble du territoire, alors qu’elle diminue dans d’autres pays européens. Santé publique France planche sur le sujet et un groupe de travail a été mis en place avec la Direction générale de la santé. « Il faut que l’on comprenne pourquoi, explique Nolwenn Regnault. C’est une priorité. »