Les Français soutiennent de plus en plus le nucléaire

Après un décrochage post-Fukushima, les Français sont majoritairement favorables au nucléaire comme énergie d’avenir, selon un sondage réalisé pour EDF.

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La centrale de Cattenom, située en Moselle.
La centrale de Cattenom, située en Moselle. © SEBASTIEN BERDA / AFP

Temps de lecture : 4 min

C'était il y a pile dix ans moins un jour. Le tsunami responsable de l'accident de la centrale nucléaire de Daiichi, à Fukushima, a, on s'en doute, sérieusement abîmé l'image de cette énergie, même si ses conséquences sont bien moins importantes qu'on ne le dit. EDF, qui réalise depuis des années un sondage sur la perception qu'ont les Français de l'atome, a identifié ce revers d'image. En juillet 2011, quelques mois après l'événement, la confiance chute : la part des Français qui voient dans le nucléaire une énergie d'avenir dégringole de 52 à 34 %. À l'inverse, 46 % des personnes sondées se montrent opposées à cette perspective, contre 34 % avant l'accident survenu au Japon.

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Dix ans après, la donne a changé. La dernière vague du sondage, réalisée en février, donne le sourire à EDF : 43 % des personnes interrogées estiment que le nucléaire est une énergie d'avenir, contre 30 % convaincues du contraire. « Jamais le taux d'opposition n'a été aussi bas. Il faut remonter avant 1986, date de l'accident de Tchernobyl, pour retrouver de tels chiffres », explique Didier Witkowski, responsable des études à EDF. En février 2021, on renoue aussi, à quelques points près, avec la perception de 2008, un peu avant Fukushima. Et puis, surtout, ce regain d'intérêt pour le nucléaire est une tendance croissante depuis quelques années.

Le coup double des écologistes

C'est en 2019 que quelque chose se passe. Depuis 2012, la confiance des Français ne faisait que décliner. Le nucléaire cumule alors les déboires. Areva est mal en point, l'EPR de Flamanville connaît ses premiers revers… Mais c'est surtout l'élection de François Hollande qui lui porte un coup. Quelques mois avant l'arrivée du socialiste à l'Élysée, Martine Aubry et Cécile Duflot, les patronnes respectives du PS et d'EELV, négocient un accord électoral qui intègre la fermeture de la centrale de Fessenheim et le déclin de la part du nucléaire en France. L'atome devient suspect. François Hollande reprend cet accord à son compte, et engage durant son quinquennat sa mise en œuvre. Les écologistes ont donc réussi un coup double. Ils obtiennent la fermeture de réacteurs et la désaffection des Français envers l'atome : leur défiance passe de 35 % en 2012, année de l'élection de François Hollande, à 46 % en 2018 !

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Depuis, leur avis s'est donc modifié. Plusieurs raisons l'expliquent. D'abord, Emmanuel Macron est plus favorable au nucléaire que ne l'était son prédécesseur. Si certains de ses ministres, telles Élisabeth Borne et Barbara Pompili, n'adhèrent pas vraiment au fan-club de l'atome, le président mise en partie sur ce mode de production de l'électricité. En fin d'année dernière, il a redit publiquement que « l'avenir énergétique et écologique de la France passe par le nucléaire ». Autre explication à ce regain d'intérêt des Français : l'énergie électrique est promise à un bel avenir, notamment pour alimenter les voitures. Or, pour les Français, le nucléaire assure une production d'électricité fiable et stable, qui, de surcroît, ne dépend pas d'autres pays : 48 % des sondés estiment que cette garantie de fourniture est un argument fort en faveur du nucléaire (+ 2 % en un an) et 46 % apprécient la souveraineté énergétique qu'il procure (+ 5 %).

Le problème récurrent des déchets

Le combat pour le climat a aussi donné un sérieux coup de pouce aux centrales françaises. Selon le site ElectricityMap, l'atome n'émet en effet que 12 grammes de CO2 par kilowattheure produit, contre 45 grammes pour le solaire et 490 grammes pour le gaz naturel. Certes, tout le monde ne perçoit pas cet avantage, il est surtout connu des « leaders d'opinion », comme disent les sondeurs. Le commun des Français, lui, est plutôt hésitant, sans doute faute d'informations. Dans une autre enquête menée par EDF sur le nucléaire, à la question de savoir si on était « favorable », « défavorable », « hésitant » ou « sans réponse », 35 % des sondés ne se prononcent pas ; il y a une dizaine d'années, ce score était trois fois plus faible. « Pour l'opinion, le débat n'avance pas beaucoup, car le sujet est très complexe », explique Didier Witkowski. Le discours sur les énergies renouvelables n'arrange pas les choses. Certains les opposent au nucléaire, alors qu'elles doivent être, explique notamment l'Agence internationale de l'énergie, complémentaires.

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Il reste, en revanche, deux éléments sur lesquels les Français restent à peu près contants. C'est, d'abord, le problème des déchets radioactifs. Leur recyclage inquiète toujours, malgré les solutions d'enfouissement testées à Bure, en Meurthe-et-Moselle : 73 % des sondés estiment que ce sujet reste un argument défavorable au nucléaire, un résultat qui n'a pas varié depuis l'an dernier. Autre élément contraire : le danger que représentent les centrales (risque d'accident ou d'attaque terroriste, notamment) : près de la moitié des personnes interrogées (49 %) estiment que ce risque continue à peser sur l'image du nucléaire. Mais cette proportion a baissé de 6 % en un an. L'accident de Fukushima s'éloignerait-il des esprits ?

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Commentaires (28)

  • Denard

    Mon petit chat sait bien que le nucleaire c est pas bien : entre une assiette de RonRon thon et legumes du midi et une assiette d'uranium enrichi, elle sait bien laquelle choisir ! C est la preuve !

  • Mouette 33

    Il est temps que les français se rendent compte de leur trésor avec ces centrales nucléaires ! Avant que les gouvernement les démontent comme à Fessenheim ! Énorme erreur de M Hollande !
    Le nucléaire est l’énergie la moins carbonée.
    Comme nous le savons, actuellement notre plus gros soucis est de décarboner l’énergie !

  • Dizul

    Hier sur la 5 dans l'émission "c'est à vous" la bien pensante... Un jeune type qui a écrit un bouquin sur le sujet, revient de Fukushima. Il explique que sur place l'iridium a contaminé la nature et qu'il faudra 300 ans pour un retour à la normale. L'auditoire se pâme. Ce que j'en pense : c'est beaucoup 300 ans à l'échelle de la vie d'un homme, mais c'est un clignement de cil à l'échelle de la planète. Ensuite il taille dur sur les centrales nucléaires françaises : vieilles, à bout de course, et "beaucoup d'argent" pour la déconstruction future, bla bla bla. Il ose conclure à la fin : "je ne suis ni pour, ni contre l'électricité nucléaire ! ". Quel culot. L'auditoire boit ses paroles, sans aucune contradiction à l'horizon. La désinformation marche toujours.