Taxe Gafa : la France a trouvé un « bon accord » avec les États-Unis

Un accord international devrait voir le jour en 2020. Donald Trump n'a en revanche pas écarté l'idée d'une taxe sur le vin français.

Source AFP

Donald Trump est hostile au vote par la France d'une taxe sur le chiffre d'affaires des groupes américains. 

Donald Trump est hostile au vote par la France d'une taxe sur le chiffre d'affaires des groupes américains. 

© Riccardo Milani / Hans Lucas

Temps de lecture : 4 min

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La France et les États-Unis ont trouvé un « bon accord » sur la taxation des géants américains de l'Internet, a déclaré lundi 26 août au sommet du G7 de Biarritz le président français Emmanuel Macron. « Il y a beaucoup de nervosité sur cette fameuse taxe numérique française », mais « je crois qu'on a trouvé un très bon accord », a assuré le président français lors d'une conférence de presse conjointe avec Donald Trump, à l'issue du sommet du G7.

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Cet accord repose sur la capacité de tous les pays du G7 de s'entendre en 2020 sur une taxe internationale pour les multinationales du numérique. Une fois que cette fiscalité multilatérale entrera en vigueur, la France « supprimera » sa taxe et remboursera aux entreprises leur versement sous forme de déduction, a expliqué Emmanuel Macron. Interrogé sur le fait de savoir si les États-Unis renonçaient par conséquent bel et bien à des représailles sur les exportations viticoles tricolores, le président américain est néanmoins resté évasif, se contentant de plaisanter sur le goût de son épouse pour le vin français. « Je peux confirmer que la première dame aime le vin français », a déclaré Donald Trump, sans plus de précisions. Le président américain avait assuré quelques heures plus tôt que Paris et Washington étaient « proches » d'un accord sur la taxe dite Gafa, acronyme désignant les géants Google, Amazon, Facebook et Apple, concernés au premier chef par l'initiative française. Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a reçu son homologue du Trésor américain, Steven Mnuchin, dans sa maison de Saint-Pée-sur-Nivelle, un village non loin de Biarritz, pour évoquer ce dossier.

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Donald Trump avait menacé de taxer les vins français

Définitivement adoptée le 11 juillet en France, la taxe dite Gafa (acronyme désignant les géants Google, Amazon, Facebook et Apple) crée une imposition des grandes entreprises du secteur technologique non pas sur le bénéfice, souvent consolidé dans des pays à très faible fiscalité comme l'Irlande, mais sur le chiffre d'affaires. Elle a provoqué de vives réactions côté américain. Un conseiller du président Donald Trump a parlé de « grosse erreur » de la France, et Donald Trump lui-même a menacé de taxer les vins français.

Le projet d'accord franco-américain a donné lieu ces 48 dernières heures à de délicates tractations au niveau ministériel. En vertu de cet accord, l'administration fiscale française regardera « combien les entreprises ont payé avec la taxe Gafa, et combien elles auraient dû payer avec la formule de la taxe internationale ». « Si jamais il y a une différence en défaveur des entreprises, on procéderait à des remboursements », a expliqué à l'Agence France-Presse une source proche des discussions.

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« Ouvert à la discussion »

Depuis plusieurs mois, les travaux se sont accélérés au sein de l'OCDE, où 134 pays discutent du futur cadre à mettre en place pour lutter contre l'évasion fiscale des multinationales du numérique. Selon une source proche du dossier, une solution de compromis est à l'étude, qui pourrait être présentée avant la rencontre des ministres des Finances du G20, mi-octobre. Le sujet est fort technique, mais aussi éminemment diplomatique puisque, de fait, le secteur est dominé pour l'instant par des mastodontes américains.

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Les États-Unis, qui bloquaient depuis des années les négociations, ont pourtant ouvert la voie à la recherche d'un accord mondial face au risque de multiplication de projets de taxation par des pays comme la France, l'Espagne ou encore le Royaume-Uni. « Je suis ouvert à la discussion sur la manière dont nous pouvons y parvenir. » Mais « nous devons faire quelque chose pour taxer de manière juste et appropriée les activités en ligne », a déclaré lors du sommet du G7 le Premier ministre britannique Boris Johnson. « Il y a des situations très injustes », a insisté de son côté Emmanuel Macron. « Ce n'est pas contre telle ou telle compagnie que la France veut mettre en place cette taxe mais régler le problème international », a ajouté le président. La taxe française, d'un montant de 3 %, doit toucher une trentaine de grands groupes, majoritairement américains, mais aussi chinois, allemands, espagnols ou britanniques. Selon Bercy, elle devrait rapporter à la France 400 millions d'euros cette année, puis 450 millions en 2020 et 550 millions en 2021.

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Commentaires (24)

  • MalàJaurès

    Ce serait un peu façon marchand de tapis : Tu parles un peu à l'iranien, et moi je lève le pied sur mes exigences de taxe. Donnant-Donnant. Tout le monde y gagne... Enfin sauf nous, les petits.

  • Jovis

    Macron ne peut imposer les prix aux GAFA Trump qui est plus malin que le croît Macron à vite compris que ce seront les citoyens des pays concernés (Europe, ... ) qui paieront la taxe

  • nominoe

    Les Européens ne recupereront presque rien du prix bas accordé du bout des lèvres par Trump. Il ne se privera pas lui de taxer comme il veut les exportations européennes vers son pays. Je propose que l'Europe se couche sur ce dossier ridicule qui montre son incapacité à avoir une politique fiscale indépendante des USA. A quoi cela sert d'avoir créé ce monstre de la CEE qui ne sert à rien face à l'impérialisme américain. Et Macron qui se félicite de cet accord minable montre une fois de plus que sauver la face devant la médiacratie en mentant n'est pas forcément un gage de bonne gouvernance.