Le moral des Français en chute libre

Le moral des Français est à son plus bas niveau depuis février 2015. De quoi faire craindre le pire au gouvernement pour la croissance et l'emploi.

Source AFP

Le pessimisme général pourrait avoir des conséquences sur l'activité au quatrième trimestre. 

Le pessimisme général pourrait avoir des conséquences sur l'activité au quatrième trimestre. 

© BORIS HORVAT / AFP

Temps de lecture : 4 min

Pas vraiment une bonne nouvelle. Alors qu'Emmanuel Macron vient d'annoncer ses premières mesures face à la colère des Gilets jaunes, une enquête de l'Insee dévoile que le moral des Français est à son plus bas niveau depuis près de 4 ans. Une situation qui fait craindre le pire aux économistes pour les perspectives de croissance et d'emploi.

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Selon l'Insee, la «  confiance des ménages  » s'est établie à 92 points, soit 3 points de moins qu'en octobre. Il s'agit de «  son plus bas niveau depuis février 2015  », souligne l'organisme public dans un communiqué. Avec cette baisse, qui survient en plein conflit des Gilets jaunes, le moral des ménages – calculé sur la base de soldes d'opinion – se situe désormais «  nettement au-dessous de sa moyenne de longue période  », qui est de 100 points, rappelle l'Insee.

Le signe que les Français ont le moral dans les chaussettes ? «  On pouvait s'attendre à une baisse, compte tenu du climat socio-économique actuel. Mais une telle chute, c'est inquiétant  », estime Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. «  On n'est pas au niveau du creux de vague des années 2013-2014, mais on est quand même très bas, notamment si on compare le chiffre actuel à celui atteint après l'élection d'Emmanuel Macron  », à savoir 108 points, abonde Mathieu Plane, chercheur à l'OFCE.

«  Situation paradoxale  »

D'après l'Insee, le recul de novembre s'explique principalement par un regain de pessimisme sur le contexte économique national – l'opinion des ménages sur leur situation personnelle n'ayant pour sa part connu qu'une légère dégradation. La proportion de ménages estimant que le niveau de vie va s'améliorer en France au cours des 12 prochains mois a ainsi reculé de 11 points par rapport à octobre. Les craintes sur le chômage ont pour leur part grimpé de 21 points, à leur plus haut niveau depuis novembre 2016.

Le nombre de Français jugeant opportun, dans ce contexte, de faire des achats importants a fortement diminué. Selon l'Insee, le solde correspondant perd huit points et se situe sous sa moyenne de longue période, pour la première fois depuis décembre 2015. «  C'est surprenant, car cela survient au moment où le pouvoir d'achat est censé augmenter, en raison des baisses d'impôts décidées par le gouvernement  », souligne Hélène Baudchon, qui évoque une «  situation paradoxale  » et «  difficile à expliquer  ». Le mois d'octobre a en effet été marqué par la deuxième tranche de baisse des cotisations salariales pour les salariés, mais aussi par une baisse de 30 % de la taxe d'habitation pour 80 % des Français, dont le coût est évalué à trois milliards d'euros. «  Il s'agit de baisses d'impôts d'une ampleur quasiment jamais vue, mais qui semblent rester invisibles pour de nombreux Français. Il y a un décalage entre la réalité comptable et le ressenti  », analyse Mathieu Plane.

«  Pas de bon augure  »

Cette vague de pessimisme aura-t-elle des conséquences sur l'activité du quatrième trimestre ? C'est probable, d'autant que les blocages des Gilets jaunes ont pesé sur l'activité de ces dernières semaines, notamment dans le commerce de détail. «  Dans la grande distribution, la perte de chiffre d'affaires a été de 35 % le samedi 17 novembre et de 18 % le samedi 24 novembre  », a indiqué lundi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, évoquant «  un impact sévère  » pour l'activité. Pour Mathieu Plane, le principal danger vient de la consommation, principal moteur de la croissance hexagonale, et qui pourrait n'être pas aussi forte qu'attendu en fin d'année, au vu du pessimisme manifesté par la fronde des Gilets jaunes. «  Le moral des ménages, c'est du ressenti, ce n'est pas un indicateur très solide. Mais le risque, c'est qu'il y ait une épargne de précaution qui se forme, ce qui pénaliserait bel et bien la croissance  », souligne l'économiste.

Un scénario à l'allure de catastrophe pour le gouvernement, qui compte sur un dernier trimestre solide, avec une hausse du produit intérieur brut (PIB) de l'ordre de 0,5 %, pour atteindre son objectif de croissance pour 2018, fixé à 1,7 %. «  Un bon chiffre reste encore possible, d'autant que le prix du pétrole a fortement baissé en novembre, ce qui devrait stimuler la consommation en fin d'année. Mais la baisse du moral des ménages est quand même très prononcée, ce qui n'est pas de bon augure  », concède Hélène Baudchon.

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Commentaires (27)

  • mamyenonnon

    J'aime trop la remarque : 'le pouvoir d'achat n'a que légèrement baissé' ! Quand déjà vous n'arrivez pas à joindre les deux bouts comment fait-on pour subir'une légère baisse " ? Bien sûr qu'elle doit être légère si on fait entrer dans le calcul les 26% d'augmentation de certains cabinets ministériels et autres privilégiés !

  • CLAUDINALBI

    Non non ! Macron fournit juste le pont !...

  • geogringo

    Vous êtes en train de sauva planète. Cela vaut bien le coup de s'oublier un peu non ?